Les meilleurs films sur l’intelligence artificielle

Quand le sel de l’intelligence artificielle nourrit l’imaginaire des grands cinéastes : voici une collection (non exhaustive) des films qui ont pris l’IA à bras le corps.

Utopie d’un cerveau artificiel/électronique, dédoublement de la conscience, de l’intelligence, le terme «intelligence artificielle» désignerait une machine qui apprend à apprendre. L’IA trouve ses racines dans la deuxième moitié du XXe siècle et aujourd’hui les logiciels ChatGPT, Open IA, Midjourney ou encore Dall-E se sont glissés dans toutes les conversations. Prouesses technologiques, alliées ou ennemies ? Les intelligences artificielles génératives fascinent autant qu’elles inquiètent. Une «catastrophe» pour certain.e.s tant le développement de l’IA pose de sérieuses questions relatives à la fiabilité, la vie privée, la sécurité. La preuve, le récent moratoire demandé par 1300 chercheurs de la tech pour faire une pause de six mois dans la recherche et ainsi «prendre du recul».

Si l’avènement de l’IA pourrait redistribuer les cartes de nos sociétés, la technologie est révélatrice de nos peurs face à un avenir posthumaniste. Une angoisse dont le cinéma, souvent, et Hollywood, surtout, s’est fait le miroir prémonitoire et fantasmé. Entre les éternels «2001, l’Odyssée de l’espace», du légendaire Stanley Kubrick, «Blade Runner», adapté du roman d'anticipation de Philip K. Dick, ou encore «Her», de Spike Jonze, de nombreux films ont en effet questionné notre rapport à l’humanité, aux robots, au monde, à l’autre, à la conversation, au travail ou à la justice. Tour d’horizon avec nos journalistes Maxime Maynard et Théo Metais.

1 - «Her» (2013)

• Réalisé par Spike Jonze
• Avec Joaquin Phoenix, Amy Adams et Scarlett Johansson

Connu grâce à «Dans la peau de John Malkovich» en 1999 ou encore «Adaptation» en 2003, le réalisateur américain Spike Jonze présentait en 2013 «Her», son quatrième long-métrage, lauréat de l’Oscar du meilleur scénario original. L’histoire, douce et si particulière, de la romance florissante entre le solitaire Théodore (Joaquin Phoenix) et Samantha, son assistance personnelle numérique (Scarlett Johansson en version originale).

L’intelligence artificielle n’est illustrée que par une application sur téléphone et une simple voix, loin d’autres représentations robotiques ultra-futuristes. Exploration du futur des outils conversationnels, la technologie actuelle n’est peut-être pas encore à la hauteur d’une entité telle que Samantha, mais aux yeux du grand public, habitué à Alexa et Chat GPT, cette représentation d’un futur proche semble on ne peut plus crédible. - MM

2 - «2001, l’Odyssée de l’espace» (1968)

• Réalisé par Stanley Kubrick
• Avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester

En tandem avec le romancier Arthur C. Clarke, auteur notamment de la nouvelle «The Sentinel», dont s’inspire le scénario, Stanley Kubrick signait en 1968 ce film qui deviendra un chef-d'œuvre au panthéon du cinéma. L’histoire se divise en quatre actes et expose la rencontre de l’humanité avec une intelligence matérialisée par des monolithes noirs. Une tribu d'australopithèques, d’abord, puis le Dr Floyd et les scientifiques d’une mission spatiale vers la lune, puis vers Jupiter et « au-delà de l'infini ».

Au cœur de leurs pérégrinations : HAL 9000, un ordinateur de bord, doté d’un œil de cyclope et d’une intelligence artificielle bienveillante, et qui, se sentant menacée, signera le glas de l’équipage. À sa sortie, le film reçoit un accueil mitigé, sa lenteur divise, et les Oscars ne récompenseront que ses effets spéciaux. Seule la postérité lui donnera raison, Stanley Kubrick proposait là une vision meurtrière, catastrophiste et fulgurante des conséquences de l’IA, comme une mise en garde restée, depuis, inégalée. - TM

3 - «Blade Runner» (1982)

• Réalisé par Ridley Scott
• Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young et Daryl Hannah

Sorti en 1982, le classique de Ridley Scott, librement adapté du roman de Philip K. Dick intitulé «Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?» se déroule dans une vision asphyxiée de Los Angeles en 2019. Harrison Ford incarne Rick Deckard, un ancien flic qui reprend du service pour traquer des androïdes créés à l'image des humains. On les appelle les Réplicants, et doivent se soumettre au test de Voight-Kampff pour être détectés. Et alors qu’il fait passer ce test à une certaine Rachel (Sean Young), Deckard se rend compte que certains de ces Réplicants parviennent à oublier qu’ils sont artificiels, redéfinissant ainsi les frontières entre les humanoïdes et les humains.

En 2016, le site Libération titrait ironiquement : Les IA rêvent-elles de «Blade Runner» ? alors qu'un programme d'intelligence artificielle avait recréé le film image par image (mais sans son) après l'avoir vu... six fois. Toutefois, l’anecdote ne dit pas si le logiciel a reconnu un aïeul… - TM

4 - «Matrix» (1999)

• Réalisé par Lana et Lilly Wachowski
• Avec Keanu Reeves, aurence Fishburne, Carrie-Anne Moss et Hugo Weaving

Au tournant du nouveau millénaire, les sœurs Lana Wachowski et Lilly Wachowski offraient un long-métrage lauréat de 4 Oscars et devenu presque instantanément un classique du cinéma de science-fiction. L’histoire de Neo (Keanu Reeves), un pirate informatique, qui découvre que la terre sur laquelle nous vivons n’est qu’une simulation et qu’il pourrait bien être le seul à pouvoir sauver le monde réel de la destruction causée par une guerre entre humains et machines. Une œuvre à l’impact sur la culture populaire internationale retentissant et toujous palpable aujourd’hui. - MM

5 - «WALL-E» (2008)

• Réalisé par Andrew Stanton
• Avec les voix anglaises de Ben Burtt, Andrew Stanton et Elissa Knight

L’adorable petit robot des studios Pixar a marqué les esprits et les cœurs à son arrivée sur les grands écrans en 2008. Seul sur une terre désolée, il s’occupe de collecter les déchets, entassés à perte de vue, que les humains ont laissés derrière eux à leur départ dans l’espace. La découverte d’une jeune plante sous les détritus attirera une autre machine, EVE, dont il tombera éperdument amoureux. Une douce œuvre animée sur fond de fable écologique, Oscar du meilleur film d’animation en 2009. - MM

6 - «Ex machina» (2015)

• Réalisé par Alex Garland
• Avec Alicia Vikander, Oscar Isaac et Domhnall Gleeson

Acclamé en 1996 pour son roman «La Plage», peu de temps après adapté par le célèbre Dany Boyle, l’écrivain, scénariste et réalisateur Alex Garland présentait en 2015 «Ex Machina», son tout premier long-métrage nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur scénario original. L’histoire, troublante et pesante, de Caleb (Domhnall Gleeson), un programmateur, vainqueur d’un mystérieux tirage au sort de son entreprise. Son gain : participer à une expérience, afin de déterminer le niveau de conscience d’une entité artificielle créée par son patron Nathan (Oscar Isaac). Mais la machine, nommée Ava (Alicia Vikander), commence à troubler le jeune homme. - MM

7 - «M3GAN» (2023)

• Réalisé par Gerard Johnstone
• Avec Allison Williams, Violet McGraw et Jenna Davis

Sorti en janvier 2023, et produit par la société Blumhouse («Get Out»), «M3GAN» racontait l’étrange histoire de Gemma, une roboticienne de renom, et de sa nièce, Cady, pour laquelle elle conçoit une cyberpoupée. Elle est en effet conçue pour protéger et pour devenir la compagne idéale de sa nièce endeuillée par le récent décès de ses parents. Bientôt, Cady retrouve goût à la vie, Gemma est délestée de la charge éducative, or M3GAN apprend très vite. Et à l’aube d’une autonomie complète, la poupée prend sa mission très (trop) à cœur. Peut-être l'un des rares slasher d'anticipation. - TM

8 - «I'm Your Man» (2021)

• Réalisé par Maria Schrader
• Avec Maren Eggert, Dan Stevens, Sandra Hüller

Dans l’espoir de débloquer des fonds, une scientifique accepte de participer à une expérience de concubinage avec un humanoïde romantique. Incarné par un amusant Dan Stevens, ce robot a été spécifiquement conçu pour être son partenaire idéal : empathique, attractif, drôle et attentionné. Doucement, le personnage interprété par Maren Eggert se laisse aller à l’expérience, de quoi remettre une question à l’honneur : et si l’amour pouvait être une affaire d’algorithmes et de laboratoire ? À cette insondable question, «I'm Your Man» proposera une réponse attachante et en allemand. - TM

9 - «Les Mitchell contre les machines» (2021)

• Réalisé par Mike Rianda et Jeff Rowe
• Avec les voix anglaises d’Abbi Jacobson, Daniel McBride, Maya Rudolph et Olivia Colman

En 2021, Netflix accueillait une famille bien chaotique : les Mitchell. Lorsque la nouvelle création en intelligence artificielle d’une grosse compagnie informatique se rebelle, toute la population mondiale se retrouve prisonnière. Toute ? Non ! les quatre membres des Mitchell, interrompus dans leur roadtrip familial, pourraient bien être les héros dont la terre a besoin. Et grâce à eux, le géant du streaming décrochait une nomination aux Oscars dans la catégorie meilleur long-métrage d’animation. - MM

10 - «A.I. Intelligence artificielle» (2001)

• Réalisé par Steven Spielberg
• Avec Haley Joel Osment, Jude Law et Frances O'Connor

Librement adapté de la nouvelle «Supertoys Last All Summer Long» de 1969 écrite par Brian Aldiss, et récupéré par Steven Spielberg, après la disparition de Stanley Kubrick, «A.I. Intelligence artificielle» est certainement l’un des films les plus malaimés, sinon incompris, du cinéaste. En 2001, le film nous téléportait sur une planète surchauffée, qui vit avec les robots androïdes, les « méchas », et où les naissances auraient été strictement encadrées. Ainsi, des parents, dont le jeune fils est dans le coma, décide d’adopter David (Haley Joel Osment), le premier enfant robot programmé pour aimer au sein d’une famille, et qui entend bien devenir un «vrai petit garçon». Bientôt abandonné, il est rejoint par un autre robot errant incarné par Jude Law. - TM

À lire aussi sur Cineman: