Article25. August 2022 Cineman Redaktion
Les 7 meilleurs films queer de 2022
Certains comptent parmi les meilleurs films de l’année, aux côtés des très jolis «Wet Sand» et «Wheel of Fortune and Fantasy» également queer, d’autres viennent tout juste de sortir. Parce que les recommandations de films LGBTQ+ ne cessent pas après le mois de juin, voici une sélection des plus belles créations portées par des personnages LGBTQ+ , en attendant les pépites venues de Cannes et Venise et avant la sortie du très attendu «My Policeman».
(Article d'Eleo Billet)
1 - «Everything Everywhere all at once»
Evelyn (Michelle Yeoh), une immigrée chinoise précaire aux États-Unis, se démène entre ses déclarations d’impôts et un possible divorce. Mais le rejet de sa fille Joy (Stephanie Hsu) et de son identité lesbienne provoque la rupture des multivers et force Evelyn à se battre tant contre des menaces du passé que contre son propre conservatisme.
Combien d’œuvres avant celle du duo de réalisateurs Daniels ont exploré avec autant de délicatesse les liens mère-fille troublés, la place du queer dans les familles asio-américaines et le deuil des existences rêves? À mi-chemin entre «Saving Face» (2004) et «Cloud Atlas» (2012), cette odyssée intime brise également les cloisons de l’industrie américaine et remet la vie des personnes marginalisées au premier-plan des récits de science-fiction.
Encore au cinéma. Vers les séances
2 - «Flee»
Documentaire multirécompensé de Jonas Poher Rasmussen, «Flee» donne la voix à Amin, un ami du réalisateur et réfugié au Danemark, désireux de raconter son histoire et trouver la paix avec son passé.
Pour assurer l’anonymat d’Amin et retracer son parcours, le film embrasse une animation épurée où la violence de l’exil jaillit des traits. Si l’homosexualité du protagoniste n’est pas un motif initial d’immigration, elle reste entièrement intégrée à son histoire, à sa peur du renvoi et des persécutions mais aussi liée à son envie d’émancipation. Aussi, mêler dans le dénouement le mariage d’Amin avec son compagnon et le soutien inconditionnel de ses frères et sœurs lors de son coming-out ajoute d’autres facettes politiques à l’œuvre et rappelle que les fins heureuses, quoique mélancoliques, doivent être célébrées.
Au cinéma depuis le 24 août. Vers les séances
3 - «Fire Island»
Les protagonistes Noah (Joel Kim Booster également le scénariste) et Howie (Bowen Yang) sont des trentenaires asio-américains venus avec leur groupe d’amis, tous gays, en quête d’amours passagères pour l’un et d’une relation sérieuse pour l’autre. Leur rencontre avec des hommes riches et séduisants va pousser les deux groupes à reconsidérer leurs a priori mutuels.
Libre adaptation d’« Orgueils et préjugés » qui proposait déjà une formidable exploration des rapports de classe dans les relations amoureuses, le récit, transposé au 21e siècle dans un lieu en apparence moins homophobe qu’ailleurs, s’enrichit de nuances bienvenues sur les liens de pouvoir dans la communauté gay. Sous la direction d’Andrew Ahn, le film s’attarde sur des thèmes trop peu explorés chez les hommes gays racisés parmi lesquels le revenge porn, le mal-être dans son corps, le sexe libre ou encore le fétichisme racial.
Disponible sur Disney+
4 - «Stay on Board: The Leo Baker Story»
Suivant la vie du champion de skate sur trois ans, dont son retrait médiatisé de la compétition olympique, le film donne l’opportunité à Leo Baker de revenir sur la dissonance toujours plus grande qu’il a ressenti entre son besoin de transitionner, d’être lui-même et son image publique.
Dans un climat de violences contre les personnes trans aux États-Unis, le récit du sportif devient d’utilité public lorsqu’il raconte comment la pression financière et le milieu sportif l’ont forcé si longtemps à performer comme athlète féminin et à écarter son bien-être et l’exploration de son genre. «Stay on Board: The Leo Baker Story» est surtout un documentaire sur une personnes trans dénué de voyeurisme, qui respecte son sujet comme son public. Sans oublier qu’il renferme une force émotionnelle désarmante et résonne avec l’expérience de millions de personnes.
Disponible sur Netflix
5 - «Badhaai Do»
Rajkummar Rao et Bhumi Pednekar interprètent respectivement un policier gay et une prof lesbienne, tous deux de caste élevée, pour qui le coming-out reste impensable. Par solidarité, ils se marient afin d’apaiser leurs familles et dans l’espoir d’adopter. Valeurs opposées et quiproquos entre les mariés, leurs parents et leurs partenaires à dissimuler alimentent alors le comique de situation.
Ces dernières années auront vu Bollywood incorporer davantage de thématiques sociales à ses productions et les combats des personnes LGBTQ+ ne font pas exception. Quatre ans après la dépénalisation de l’homosexualité en Inde, le film de Harshavardhan Kulkarni déborde d’empathie pour ces personnages qui trouvent dans le «mariage de lavande» un compromis qui ne les apaisera qu’après avoir choisi de vivre ouvertement leur amour queer.
Disponible sur Netflix
6 - «Grosse Freiheit»
Aussi tendre pour ses personnages que frontal lorsqu’il représente les violences infligées aux hommes gays et bi, condamnés d’après le Paragraphe 175 du Code Pénal allemand, le film de Sebastian Meise est une claque de par sa réalisation et son sujet. Nous ramenant au siècle passé sur trois temporalités dans la vie de Hans Hoffmann (Franz Rogowski) lors de ses emprisonnements successifs.
De la remise en cause des lois à la réappropriation des moyens d’oppression, le réalisateur dépeint un combat pour la survie, effectué dans l’ombre mais jamais acquis. Aussi se déploie dans toute l’œuvre, jusqu’à son titre, une ironie brutale quand sont filmées les cellules devenues lieus de rencontre, une Bible où voyage des sentiments codés et même des caméras servant autant de preuve d’inculpation que de trésor de résistance de par les souvenirs d’amour qu’elles préservent.
Sorti au cinéma en février et prochainement disponible en DVD.
7 - «Huesera»
Parmi les dizaines de merveilles amenées par le NIFFF cette année en Suisse, le film mexicain «Huesera» se distingue par sa remarquable précision dans l’exploration de l’hétérosexualité forcée et le désir de non-maternité. Devant la caméra de Michelle Garza Cervera Natalia Solián devient Valeria, une femme hantée depuis le début de sa grossesse par une créature aux os qui craquent, métaphore de ses propres cassures suite à l’abandon d’une part d’elle-même pour mener une vie sans accroc avec son compagnon.
L’horreur et ses représentations monstrueuses comme catharsis aussi viscérale que salvatrice a toujours embrassé le queer et une fois encore, la trajectoire du personnage, poussé par la peur et le désir, l’amène à briser les injonctions pour retrouver sa vérité.
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