Article9. August 2022

Ces 6 films ont changé le cinéma d’horreur contemporain

Ces 6 films ont changé le cinéma d’horreur contemporain
© Universal Pictures International Switzerland

Moins gratuit sans être moins gore, le cinéma d’horreur a su réinventer les codes du genre. Si les sagas comme «Halloween», «Saw» ou «Rec» ont marqué les générations, force est de constater qu’un bon nombre de réalisateurs et de réalisatrices sont parvenus à s’émanciper des mécaniques de l’épouvante afin de les réinventer. Pour la sortie cette semaine de «Nope», tour d’horizon de ces dernières années pour intellectualiser le film d’horreur.

(Un article de Fanny Agostino)

«Midsommar»

Déjà remarqué en 2018 avec «Hérédité», l’américain Ari Aster est au sommet de son art. Durant l’été, Dani (Florence Pugh) apprend le meutre-suicide de sa sœur et de ses parents. Alors qu’il était sur le point de rompre avec elle, son petit ami Christian (Jack Reynor) lui propose de partir avec un groupe d’amis en Suède dans un festival folklorique. Plus proche de l’Ordre du Temple solaire que d’un Open-Air, Dani s’engouffre dans cette communauté aux coutumes effrayantes.

Jouant relativement peu sur les ombres et la nuit, «Midsommar» est aux antipodes du genre horrifique. L’épouvante ne se cache pas, elle explose en plein jour, au milieu de rituels païens et de couronnes à fleurs. Métaphoriquement riche et d’une plastique éblouissante, le successeur d’«Hérédité» saura bluffer les amateurs lassés des procédés de l’horreur.

«Grave» (2016)

Révélée au grand public grâce à la Palme d’or qu’elle a obtenue en 2021 avec «Titane», Julia Ducournau n’en est pourtant pas à son premier coup d’essai dans le gore. En 2016, elle réalise «Grave», dans lequel Justine (Garance Marillier) intègre une école de vétérinaire. Alors qu’elle est végétarienne, elle y subit un bizutage durant lequel elle est amenée à ingurgiter de la viande. Une révélation carnassière qui dévoile son avidité pour la chaire et le sang.

Par son récit initiatique, «Grave» amène une nouvelle perspective dans le champ de l’horreur. Avec le public, Julie découvre ses pulsions pour la viande rouge, animale puis humaine. Désir et sang se mêlent à un environnement métallique et froid, non sans rappeler l’univers de David Cronenberg.

«Men» (2022)

Dans «Men», Alex Garland exploite l’emprise et la solidarité masculine par le prisme de l’horreur. Après le suicide de son mari, Harper (Jessie Buckley) se réfugie dans un cottage afin de faire face à son trauma. Dès son arrivée, un climat angoissant s’installe. Geoffrey, le maître des lieux, ne cesse de l’appeler par le nom de son mari. Plus tard, un prêtre lui suggérera que si elle avait laissé une seconde chance à son couple, il ne se serait certainement pas suicidé.

Le genre tiendrait-il son meilleur long-métrage avec un engagement féministe ? Tous les personnages masculins sont interprétés par Rory Kinnear et la réalisation explicite le regard patriarcal toxique. Même si Alex Garland enferme son personnage dans un cercle sans fin, les dernières minutes valent l’effort.

«Climax» (2018)

On le connaît pour ses scandales sur les bords de la Croisette. La violence a souvent accompagné les projections des films de Gaspard Noé. Dans «Climax», elle est le point d’orgue de la folie. Une troupe de danseurs se retrouve dans un hangar isolé. Tous boivent de la sangria et deviennent incontrôlables. Transe musicale pour les uns, envie de meurtre pour les autres. L’exaltation rythmique se transforme en démence collective.

Doté d’une incroyable scène inaugurale, «Climax» est un huis clos à la sauce Noé. Bestiaux et corporels, les danseurs offrent une prestation incroyable. Quant au scénario, il a l'importance qui lui est habituellement réservée dans les films de Gaspard Noé : improvisé et, somme toute, assez secondaire.

«Candyman» (2021)

Déjà adapté sur grand écran en 1992, «Candyman» plonge Anthony McCoy (Yahya Abdul-Mateen II), un artiste peintre de Chicago, sur les traces d’une légende urbaine. Il retrouve alors l’inspiration pour ses toiles en exploitant ce filon. Mais l’histoire aux relents racistes de cet homme au crochet et aux bonbons l’obsède, au point où il commence à prendre ses traits.

En fond de toile de cette fiction produite par Jordan Peele, l’histoire du quartier populaire de Cabrini-Green, rasé pour laisser place à des gratte-ciel et à des habitations modernes. L’histoire de Candyman est un témoignage des violences policières, mais aussi de la gentrification exercée sur la communauté afro-américaine. Un thème brûlant mis au goût du jour par Nia DaCosta.

«Get Out» (2017)

Véritable coup de massue en 2017, «Get Out» marque un tournant dans le genre horrifique. Chris (Daniel Kaluuya) appréhende les quelques jours qu’il va passer avec sa petite amie Rose (Allison Williams), et pour cause, il s’apprête à rencontrer sa belle-famille. Une rencontre qui va rapidement virer à la psychose lorsqu’il s’aperçoit que sa couleur de peau fait tâche dans cette famille blanche.

Fleuretant avec le fantastique, «Get Out» est brillant tant sa mise en scène et sa réalisation — non dénuée d’humour — sont originales et particulièrement percutantes. Sans être totalement politique, Jordan Peele sait tenir le spectateur en haleine. Le «must watch» de ces dernières années.

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