Critique5. September 2024 Cineman Redaktion
Mostra de Venise 2024: «The Room Next Door» de Pedro Almodóvar, le suicide assisté en couleurs vives
Premier long-métrage en langue anglaise de Pedro Almodóvar, le cinéaste espagnol s'appuie sur deux actrices exceptionnelles: Tilda Swinton et Julianne Moore. Un film sur la mort nimbé d'une esthétique éclatante. Lumière «The Room Next Door» présenté à la 81e Mostra de Venise.
(Un texte de Patrick Heidmann, depuis la Mostra de Venise 2024. Adapté de l'allemand)
Paré de rose et greffé d'une plume d'or, à l'occasion de la de la première mondiale de «The Room Next Door», Pedro Almodóvar a apporté un peu de fraîcheur sur le tapis rouge des festivals vénitienne. En compétition cette année à la 81e Mostra de Venise, le célèbre réalisateur espagnol a également ajouté un brin de couleur avec son nouveau film, tourné seulement quelques mois auparavant.
Basé sur le roman «Quel est donc ton tourment?» (2023) de l'écrivaine américaine Sigrid Nunez, «The Room Next Door» est le premier long-métrage d'Almodóvar tourné dans la langue de Shakespeare. Une auteure, Ingrid (Julianne Moore), apprend par hasard que son ancienne amie, la reporter de guerre Martha (Tilda Swinton), est atteinte d'un cancer du col de l'utérus.
Les deux femmes, qui s'étaient perdues de vue, renouent une certaine proximité après une visite de courtoisie. Alors que le diagnostic de Martha s'aggrave, celle-ci se procure une pilule sur le dark net lui permettant de mettre fin à ses jours. Elle demande alors à Ingrid de l'accompagner dans une magnifique villa reculée et de rester dans la chambre voisine pour être présente lors de sa mort.
Il faudra fermer l'œil sur le démarrage un peu hésitant et la rigidité de quelques dialogues en anglais, pour finalement laisser la magie opérer. Au fur et à mesure que le lien entre les deux femmes se renforce, et qu'Almodóvar réduit les flashbacks sur le passé de Martha, «The Room Next Door» captive le public, et ce, d'une manière tout à fait délicate et complexe. Le réalisateur a déclaré lors de la conférence de presse à Venise que le film est un plaidoyer en faveur du suicide assisté, mais Pedro Almodóvar va bien au-delà.
«The Room Next Door» est aussi une ode à l'amitié, à la fragilité de la vie et – comme souvent chez Almodóvar – à la maternité, égaillée d'avertissements sur la catastrophe climatique et des références à James Joyce. Située en Amérique du Nord, peut-être que le cinéaste à tenter de compenser le fait de ne pas être dans son Espagne colorée natale. Seule la mise en scène colorée semble parfois un peu excessive. Un moindre mal pour un film d'une grande qualité qui a cueilli la Mostra de Venise cette annéee.
4/5 ★
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