Critique9. September 2024

Mostra de Venise 2024: «Queer», coup de foudre, alcool et addictions

Mostra de Venise 2024: «Queer», coup de foudre, alcool et addictions
© La Biennale di Venezia

Après l’agaçant «Challengers», Luca Guadagnino revient avec un drame stylisé, mettant en scène l’ex James Bond Daniel Craig dans la peau d’un homosexuel exilé à Mexico.

(Une critique de Marine Guillain, depuis la Mostra 2024)

Mexico City, dans les années 1940. Écrivain américain expatrié, Lee (Daniel Craig) traîne son mal-être dans les bars, où il vide les bouteilles de Mezcal et de Tequila. Cherchant à noyer sa solitude et son ennui, il est en quête de partenaires. Un jour, alors qu’il sort de son bar préféré vêtu de son traditionnel costume en lin blanc et chapeau au son de «Come as you are», de Nirvana, il croise le chemin du jeune photographe Eugene Allerton (Drew Starkey). Lee s'en éprend immédiatement, de manière obsessionnelle. Mais le mystérieux Allerton ne semble éprouver ni les mêmes sentiments, ni les mêmes envies. Se bâtit alors entre eux une relation complexe.

Quoi de mieux pour Luca Guadagnino que l’écrin du Lido pour présenter son dernier long-métrage? Pour l’anecdote, le cinéaste italien a été acclamé par une foule en délire dès qu’il a foulé le tapis rouge, alors que Daniel Craig a à peine été remarqué - c’est dire la popularité sur ses terres du metteur en scène de «Call me by your Name»…

Adapté du roman de William S. Burroughs, «Queer» subjugue par sa beauté. Décors, costumes, looks, couleurs, cadrages: tout est stylisé, presque à l’excès. Peau moite, cheveux collés par la sueur, visage fatigué par les abus et son addiction à l’opium, Daniel Craig se glisse avec brio dans la peau de cet écrivain déchu, faisant immédiatement oublier l’agent britannique qu’il a incarné durant quinze ans.

Malgré cette performance épatante, on regrette de ne pas avoir ressenti davantage d’empathie pour les personnages, Luca Guadagnino ne parvenant pas à recréer l'émotion forte que l’on ressent à chaque fois que l’on visionne «Call me by your Name». Long sur la fin, le film de 2h30 nous perd quelque peu lorsque Lee part avec Eugene en Amazonie à la recherche de l’ayahuasca, célèbre plante hallucinogène. Malgré ces légers défauts, le fiévreux et surprenant «Queer» emène le public là où il ne s’attend pas. Loin des formes classiques, ne craignant jamais de prendre son temps, voire de s’éterniser, le métrage captive avec ses plans hypnotisants, sa formidable bande-son et son atmosphère envoûtante.

4,5/5 ★

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