Critique21. August 2020 Sven Papaux
Netflix: «Biohackers» Sentez l’atmosphère méphitique de la biologie synthétique
Nouvelle production germanique pour Netflix. Après la fin de «Dark», place à «Biohackers», nouvelle création signée Christian Ditter, avec pour figure de proue la brillante suissesse Luna Wedler.
Mia Akerlund (Luna Wedler), étudiante en médecine fraichement débarquée à Freiburg. La vie estudiantine classique : silence party, biture, coup de coeur pour cet étudiant mystérieux et des colocataires un peu barrés, Mia goûte et profite de sa nouvelle vie. Mais très rapidement les enjeux deviennent clairs : la jeune femme n’est pas là pour faire de la figuration, mais bien pour se rapprocher de la professeur(e) Lorenz (Jessica Schwarz), à la tête d’une technologie révolutionnaire de bio-piratage.
Et la prise de contact est rapide: un voyage en train, des passagers qui s’écroulent sans raison - Mia fait partie du lot. Entame étrange et radicale, puis le retour en arrière, 2 semaines avant. Christian Ditter («Girlboss», «Love, Rosie») n’attend pas de faire les présentations; pas le temps de s’égarer, tout est rapidement torché pour filer tout droit vers le coeur de l’intrigue: quel secret Mia cache-t-elle? Des fragments d’un passé marqué au fer rouge, un accident, des cris étouffés en toile de fond. Inutile d’en faire plus, il y a corrélation entre Mia et sa professeur(e).
On parle d’ADN artificiel...
«Biohackers», comme son nom l’indique, n’est pas si éloignée de la réalité. Cette biologie synthétique est étudiée par une entreprise zurichoise (Twist Biosciences en collaboration avec l’ETH de Zürich). Comprenez par-là qu’on parle d’ADN artificiel. Une histoire qui tient donc debout, qui peut facilement prendre forme dans notre réalité actuelle. Et c’est peut-être ça, ce sentiment de «proche réalité» qui plonge le spectateur dans une frénésie scientifique plutôt intéressante. Un complot et des études qui se recoupent avec le discours inaugural de Lorenz, si symptomatique de cette fantaisie de la race humaine: «Dieu deviendra désuet» martèle la scientifique. Le grand classique qui nous rappelle «The Rain»: l’Homme et son obsession (vaine) de contrôler Mère Nature.
Une méchanceté légèrement caricaturale, qui inévitablement se transforme en récit inégal et convenu. Bien que quelques morceaux intéressants de suspens parviennent à nous capter, le rythme pêche un peu - intéressant dans la forme, moins dans le fond. Le format - 6 épisodes de 40 minutes - permet de ne pas trop ressentir les lacunes d’une écriture en manque d’urgence. C’est surtout grâce à la talentueuse Luna Wedler, un facteur intéressant dans l’équation, convaincante dans sa quête vengeresse.
«Biohackers» s’avale rapidement, mais aurait mériter plus d’audace
Loin des standards de «Dark», Netflix nous propose une série plutôt divertissante qui bien sûr, et vous connaissez l’antienne, s’arrête avec une belle porte de sortie pour une seconde saison. «Biohackers» s’avale rapidement, mais aurait mérité plus d’audace; une histoire plus acide aux senteurs méphitiques, d’une plus grande ampleur. Le résultat n’est rien de tout cela, mais disons que Christian Ditter et son thriller SF passent le cut.
3/5 ★
Disponible sur Netflix
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