Critique6. April 2021 Theo Metais
Netflix: «Concrete Cowboy» - Western de l’asphalte avec Idris Elba
Une distribution impeccable pour un (presque) western à cheval dans les rues de Philadelphie. «Concrete Cowboy» est à découvrir sur Netflix. Verdict!
Après une énième altercation à l’école, sa mère lâche les armes et Cole (Caleb McLaughlin) est envoyé chez son père Harp (Idris Elba) à Philadelphie. Les deux ne se sont pas vus depuis belle lurette et les retrouvailles promettent d’être mouvementées, d’autant que le père vit seul avec un cheval dans une communauté un peu spéciale, il est ce que l’on appelle un «cowboy de l’asphalte». Sur les terres de son enfance, Cole retrouve Smush (Jharrel Jerome), un ami d’antan qui trempe dans quelques business douteux. Il lui faudra alors faire un choix, apprendre à vivre au rythme de sa nouvelle communauté ou prolonger le rêve irréversible de son ami Smush.
Présenté en avant-première au festival international du film de Toronto 2020, «Concrete Cowboy» est adapté du roman «Ghetto Cowboy» de Greg Neri. Ricky Staub (crédité sur «Blanche Neige et le chasseur») signe ici son premier long-métrage et s’entoure d’un casting cinéphile et capable de s’accorder les faveurs des foules. À commencer par Caleb McLaughlin, célèbre Lucas Sinclair dans «Stranger Things», le discret, mais brillant Jharrel Jerome, croisé dans «Moonlight» et «When They See Us», ou encore Method Man, membre emblématique du Wu-Tang Clan.
Un casting cinéphile et capable de s’accorder les faveurs des foules...
Une communauté portée par la figure quasi maternelle de Nessie (Lorraine Toussaint); il préfère les Air Jordans aux Santiags, Cole est celui par lequel nous découvrons cet univers singulier. À la manière d’un «Nomadland», ce lopin de terre parmi les chevaux s’apparente à un refuge pour échapper à l’Alcatraz d’une vie laissée à la merci de Philadelphie. Un temps rebelle, Cole (nommé en hommage à John Coltrane) finit par accepter sinon, céder, et bientôt s’attelle aux labeurs des box sous les yeux des anciens.
Marchant dans les pas de son père, «Concrete Cowboy» dévoile finalement un conte d’un genre coming-of-age qui emprunte à la thématique universelle de la transmission, celle d’un père à son fils, évidemment, puis celle d’une ville à son histoire et ses habitants, et ses traditions, aussi, au milieu d’une époque gentrifiée. Un métrage qui tombe à pic alors que le périmètre de la véritable maison de John Coltrane est menacé de démolition depuis 2017. L’actualité se mêle à la destinée de cette communauté, elle aussi en péril et menacée d’expulsion et dont les membres incarnent ici leurs propres rôles.
Un univers très cinégénique...
Rien de bien époustouflant, sinon les charmes d’une belle histoire et joliment interprétée. Pas sûr que la cinématographie de Minka Farthing-Kohl ne soit ici des plus remarquables et outre quelques perles à cheval dans la pénombre, l’ensemble s’écroule sous quelques effets de style préfabriqués. Autour du feu, «Concrete Cowboy» ne manquera pas non plus de refaire l’histoire et de rendre hommage aux cowboys noirs oubliés par l’histoire et l’industrie du cinéma. Le métrage produit par Idris Elba dévoile finalement un western urbain à la distribution solide. «Concrete Cowboy» fonctionne et offre une incartade délicate dans un univers très cinégénique, mais il nous manquera sans doute une écriture moins évidente et une narration plus complexe, car il y avait là de quoi faire du grand cinéma!
3/5 ★
«Concrete Cowboy» est à découvrir dès maintenant sur Netflix.
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