Critique23. Dezember 2019 Theo Metais
«Klaus» est officiellement le meilleur film de Noël 2019
Débarqué en novembre sur la plateforme de streaming Netflix, ni «La reine des neiges II», ni «Last Christmas», ni même «The Knight Before Christmas» n'ont pu faire face à l'excellent «Klaus». Le film des studios SPA est officiellement notre coup de cœur parmi les films de Noël 2019.
Fils à papa privilégié et empêtré dans la luxure d’une vie bourgeoise, le jeune Jesper (en VO Jason Schwartzman) est un électron libre. N’en déplaise à son père, directeur de la Royal Post Academy, son rejeton n’a que faire de ses mises en garde, et se contrefiche de sa destinée de postier. Alors pour discipliner le jeune homme, son père l'envoie en garnison au Nord, sur l’île de Smeerenburg, pour tenter de sortir 6000 lettres de ce village reculé du monde. Le compte à rebours est lancé, Jesper dispose d’un an avant de finir à la rue. Mais alors qu'il se lie d’amitié avec Alva, la professeur reconvertie poissonnière du village (en VO Rashida Jones), et Klaus, l’ébéniste à la barbe blanche inratable (en VO J.K. Simmons), une lueur d’espoir jaillit enfin. Noël est sur les rails...
Un parfum de mort dans les entrailles de Smeerenburg. Il faudra voir la brume, macabre, et les carcasses de baleines. L’arrivée sur l’île en chaloupe, naviguant dans la houle terrifiante du «King Kong» de Peter Jackson; et le boatman, sorte de passeur funeste avant l'au-delà. Aussi, les réminiscences d’un western, d'un genre «Dead Man», mais... arctique. Le village se meurt loin du monde, la tâche est herculéenne au milieu d'une guerre de clans et l'illettrisme des enfants. «This is a story about letters» nous dira-t-on en ouverture. Parlez-nous de lettres et déjà chahutent aux côtés de Jesper les souvenirs de «The Box Tops» ou «The Marvelettes». Pas très Noël certes, mais dès l'entame, «Klaus» s’ouvre sous les meilleurs auspices. Et les studios SPA nous régalent de bout en bout.
Au delà de la féerie incontestable de son visuel, «Klaus» est loin d'être innocent.
Un jour, Klaus recevra, par accident, le dessin d'un jeune enfant emprisonné, et un présent lui sera fait en retour. Une lettre à Klaus = un cadeau. Bientôt la rumeur se répand dans le village, les enfants retournent à l’école et la population locale renoue avec les Samis. «Klaus» devient un buddy movie dans lequel Klaus, Alva et Jesper montent une entreprise florissante et profitable à chacun. Et alors que la joie regagne le village, empruntant au passage à la mythologie de «Nightmare Before Christmas», Sergio Pablos et ses équipes proposent une vision tout à fait particulière de Noël, et certifient l’idée d’une invention mercantile pour servir des intérêts individuels et ceux de la poste. Au delà de la féerie incontestable de son visuel, «Klaus» est loin d'être innocent.
La magie de Noël ne serait donc qu'une vue de l'esprit, et Klaus lui-même s’en amuse. Hormis le morceau «Invisible» interprété par Zara Larsson, indigeste et agglutiné dans le miel d'un mauvais Disney, il rappelle néanmoins que «Klaus» aurait pu s’écrouler sous des litrons de mièvrerie et que le métrage navigue dans les lagunes tortueuses du film populaire. Là où d’autres jettent les armes, «Klaus» garde la tête haute. Quelques sorties de route au compteur, juste de quoi nous rappeler que la catégorie hivernale est glissante et que Sergio Pablos accomplit un petit exploit: drôle, poétique, féerique, inventif et porté par un impeccable casting vocal. Mention très spéciale pour l’excellente animation des studios SPA à qui l’on devra prochainement le «Pinocchio» de Guillermo del Toro prévu pour 2021.
En bref!
La tendance est aux origin stories, «Klaus» voit grand et préface Noël. Si Sergio Pablos emprunte des sentiers déjà bien battus, le métrage distribué sur Netflix a quelque chose d’une tendre et douce petite merveille de fin d’année.
4/5 ★
Décuvrez «Klaus» sur Netflix.
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