Après dix ans d’absence, l’actrice Sophia Loren est de retour devant la caméra, pour son fils Edoardo Ponti, dans une nouvelle adaptation du prix Goncourt de 1975, «La vie devant soi». Bouleversante dans ce rôle d’ancienne déportée d’Auschwitz, d’ex-prostituée, elle porte avec une force incontournable ce personnage de femme cédant son esprit à un Alzheimer. Mais cela suffira-t-il à la réussite du film?
Madame Rosa (Sophia Loren), ancienne prostituée digne et généreuse, au caractère bien affirmé recueille dans son appartement du sud de l’Italie des enfants en perdition, parfois ceux d’autres prostituées. À contrecœur, elle accepte de s’occuper de Momo, un réfugié sénégalais de 12 ans, une tête de mule blessée par la vie, un dur à cuire et caïd en puissance. Et après un long moment d’adaptation entre ces deux personnages, après s’être jugés et affrontés, ils finiront par s’aimer d’un amour filial touchant, Momo aidant Madame Rosa à accomplir sa dernière volonté.
Écrit par Roman Gary, sous le pseudonyme d’Émile Ajar, le roman «La vie devant soi» racontait à travers le regard de l’enfance une histoire tragique, faite de trafic, de morts, de déracinement, de trafic de drogue, de violence, de fuite, de rage et de résignation. S’obstinant à rejeter le bonheur, qu’il définit essentiellement par le manque qu’il induit, à tous les coups, Momo, le personnage principal, s’isole et, au-delà de ce rejet, c’est autrui qu’il mettait à distance.
«La douceur mêlée de fermeté et le bouclier de rage du jeune Momo...»
Or ce roman, ce n’est pas la première fois qu’il est porté à l’écran. Sa plus fameuse adaptation, la plus fidèle aussi, datant, pour beaucoup, de 1977 est signée Moshe Mizrahi, et voyait Simone Signoret porter le rôle de Madame Rosa. Malheureusement, malgré la justesse de la partition de Sophia Loren, glissée dans ce personnage de prostituée à la retraite et d’ancienne déportée d’Auschwitz, hantées par ces traumatismes passés au point de se perdre dans les recoins de sa tête, les choix du réalisateur ne servent pas le propos général.
Certes, la douceur mêlée de fermeté de ce personnage et le bouclier de rage du jeune Momo (Ibrahima Gueye), ne sont pas entachés par le montage final, au contraire, les aspérités de leur personnage et leur complicité crèvent l’écran. Pourtant, c’est justement ce dernier point qui pèche. Hachée par son montage, l’histoire entre ces deux protagonistes n’a pas vraiment sa place. Or cette complicité touchante qui les lie tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, attaquant véritablement la crédibilité du film, et surtout du final de Madame Rosa.
3/5 ★
Disponible sur Netflix.
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