Critique13. März 2020 Theo Metais
Netflix: «Lost Girls» - Un film crépusculaire sur les victimes du serial killer de Long Island
Quelque part entre le «Le Dahlia noir», «Gone Baby Gone» et «Three Billboards Outside Ebbing, Missouri», la réalisatrice Liz Garbus rouvre l’affaire irrésolue du serial killer de Long Island, dans un premier long-métrage poignant porté par une excellente Amy Ryan. À découvrir dès maintenant sur Netflix.
Lorsque Shannan Gilbert, 24 ans, disparaît mystérieusement en plein milieu de la nuit, Mari Gilbert (Amy Ryan) et ses deux filles remuent ciel et terre pour tenter de retracer son itinéraire. Mais face à l'inaction de la police, Mari mène sa propre enquête, découvrant la véritable vie de sa fille; et bientôt la disparition se mêle à la découverte des corps de quatre escortes à Long Island, aux confins d’un lotissement privé où Shannan a été vue pour la dernière fois. Ses recherches attirent l'attention sur plus d'une douzaine d’autres femmes assassinées, contraignant les médias et la police à reconnaître la présence d’un serial killer.
La dévotion de la véritable Mari Gilbert pour sa fille avait remué les États-Unis en 2010, son combat contre vents et marées pour que ces filles ne soient jamais oubliées répondait à la sombre affaire de Long Island. Ici inspiré du livre éponyme de Robert Kolker, la réalisatrice Liz Garbus, nommée deux fois aux Oscars («The Fourth Estate», «What Happened, Miss Simone?»), reprend les rênes de cette tragédie dans un métrage captivant. Un rôle formidable pour Amy Ryan, avec ses airs à la Toni Collette, l’actrice rappelle la maestria de Frances McDormand dans «Three Billboards Outside Ebbing, Missouri», la dramédie en moins, «Lost Girls» est crépusculaire et Amy Ryan frontale.
«Il fallait la carrure d’Amy Ryan pour rendre au combat de Mari Gilbert toute sa puissance...»
Une ouverture sur le thème de «Beautiful Dreamer» à un concours de talent auquel Shannan (jeune) avait participé, des relations filiales complexes entre sa grande fille interprétée par Thomasin McKenzie (croisée récemment dans «Jojo Rabbit»), qui découvre avec émoi la sévérité de la vie de sa grande sœur, et la plus jeune cloîtrée dans un traitement médical, et les boulots qui s'enchaînent; la vie de Mari Gilbert est presque une fable du déterminisme de la classe ouvrière (américaine), son combat pour sa fille en devient la catharsis. Porté par la photographie brumeuse et bleutée d’Igor Martinovic, «Lost Girls» a quelque chose d’une sueur froide, d’onirique, de sous-marin presque, psyché du mental d’une famille perdue entre le deuil et l’espoir. Notons que la réalisatrice continuera prochainement ses exploration des affaires criminelles dans «The Innocence Files», une série documentaire pour Netflix qui s'annonce déjà sous les meilleurs auspices.
En bref!
Un drame profond traité avec une frontalité cinglante, l’histoire du serial killer de Long Island est rendue dans un écrin à l’orée du documentaire. Et il fallait la carrure d’Amy Ryan pour rendre au combat de Mari Gilbert toute sa puissance.
4/5 ★
Plus d'informations sur «Lost Girls». A découvrir dès aujourd'hui sur Netflix.
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