Ah, Netflix. Audacieux géant du streaming, il doit son succès actuel entre autres à une stratégie bien rodée de mondialisation de ses productions originales qui lui a permis de s’imposer dans chaque pays grâce à des productions locales, avec plus ou moins de succès: l’excellente «Dark» en Allemagne, le phénomène «La Casa de Papel» en Espagne, la populaire 3% au Brésil... et nenni en France. Mais «Lupin» pourrait bien changer cela.
Assane Diop (Omar Sy) n’a pas supporté la mort de son père, mort après avoir été accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. 25 ans plus tard, après s’être réfugié dans la lecture et surtout dans l’ombre du grand héros Arsène Lupin, lui aussi victime d’un destin familial contrarié, il est bien décidé à prendre sa revanche.
Entre Netflix et la France, c’est une vieille histoire maudite. Le N rouge aura d’abord fièrement tenté de s’imposer avec Marseille et son casting cinq étoiles, avant de retenter le coup avec La Révolution l’année dernière. Deux tentatives très différentes, mais un but similaire: creuser son trou dans le paysage français de la production audiovisuelle avec des séries d’envergure et mettant en avant des éléments de la culture française. Problème, ces deux séries n’étaient clairement pas au niveau (c’est le moins que l'on puisse dire), et c’est donc avec un mélange d’appréhension et de méfiance que l’on se lance dans «Lupin» avec Omar Sy.
«Lupin» est une réussite...
Et pourtant. Ceux qui en attendent une adaptation pantouflarde passant une pierre angulaire de la littérature populaire française à la papa dans la moulinette de la téloche ronflante en seront pour leurs frais: malgré de menus défauts, «Lupin» est une réussite dans les grandes largeurs. À l’image du personnage dont elle s’inspire, Lupin déjoue les très nombreux pièges qui l’attendaient avec une agilité indéniable et dépoussière avec efficacité cette grande figure française qu’est Arsène Lupin, le prince des voleurs.
Comment? Très simplement grâce à Louis Leterrier. Réalisateur sorti de l’écurie Besson passé par Hollywood, le metteur en scène des premiers épisodes de cette série insuffle grâce à son style fluide et enlevé et sa maîtrise du découpage une énergie à laquelle on ne s’attendait pas de la part d’un produit français. Elles étaient nécessaires, et elles brillent ici indéniablement: les étincelles d’Arsène Lupin se marient naturellement et joyeusement avec celles du film de braquage moderne et créent un équilibre grisant, les premières amenant la classe malicieuse aux secondes, et les secondes injectant une dose d’adrénaline aux premières. Le tout saupoudré du charme gouailleur et du sourire néon d’Omar Sy, et de nombreuses saillies pertinentes contre notre époque, et vous obtenez une vraie adaptation ludique, prenante et charismatique.
Les étincelles d’Arsène Lupin se marient naturellement et joyeusement avec celles du film de braquage moderne...
On reprochera cependant à cette première partie de tarder à donner de la chair à ses personnages secondaires (pourtant réactualisés avec talent et pertinence), une photographie un peu tristoune et parfois certaines lourdeurs dans les références meta à l’œuvre textuelle de Maurice Leblanc. De menus problèmes finalement bien indolores au regard du réel plaisir qui inonde le spectateur lors du visionnage de Lupin, et que l’on entend bien voir corrigés dans le futur. On sera là pour la suite.
3,5/5 ★
Disponible sur Netflix.
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