Critique17. Februar 2021

Netflix: «Mon amie Adèle» - Les terreurs amoureuses

Netflix: «Mon amie Adèle» - Les terreurs amoureuses
© Nick Wall/NETFLIX

Steve Lightfoot nous avait concocté «The Punisher» pour Netflix. Toujours chez les leaders du streaming mondial, il nous propose un étrange thriller, imprévisible à souhait, centré sur un triangle amoureux.

Louise (Simona Brown) est une secrétaire et mère célibataire. Un soir, elle rencontre David (Tom Bateman) dans un bar. Cet homme marié à une certaine Adèle (Eve Hewson) s’avèrera être son nouveau patron et psychiatre réputé. Prise au milieu d’une liaison dangereuse avec David, elle se lie d’amitié avec Adèle. La voilà dans une position bien délicate, mais sa passion dévorante pour son patron est trop forte.

Les apparences sont parfois trompeuses, c’est bien connu. L’adage presque éculé n’est pas exactement le plot de «Mon amie Adèle». La structure est un condensé et un bouillonnement de secrets enfouis, de trahisons, de sous-entendus. Mais pas seulement, puisque l’histoire tend vers le rêve, vers les terreurs nocturnes. Adaptée du roman de Sarah Pinbrough, «Mon amie Adèle» pourrait ressembler à une série de facture très classique, qui s’effrite pour ne terminer que sur une note sans saveur.

La série démarre timidement pour enfin enlever le frein à main au 3e épisode...– Sven Papaux

À l’image d’un «Page Turner», la série démarre timidement pour enfin enlever le frein à main au 3e épisode. Telle une vague de fatalisme, ce grand voile noir se déploie: que cachent David et Adèle? À travers des flashbacks et des rencontres, les couches se succèdent pour démouler un récit opaque et brouillon quand tout s’emballe dans le monde des songes. Notre indice pour potasser les origines du couple sera Rob (Robert Aramayo), ancrant le récit dans le passé, dans le rôle du confident et ami d’Adèle, alors rencontré en cure de désintoxication.

Netflix: «Mon amie Adèle» - Les terreurs amoureuses
Eve Hewson et Tom Bateman dans «Mon amie Adèle» © Josh Barratt/NETFLIX

Orchestrée tel un rêve lucide se transformant en cauchemar éveillé, la série «Mon amie Adèle» puise son mystère couché dans une énigme amoureuse plutôt vertigineuse et surtout imprévisible. Soyons francs, la fin ne pouvait être attendue, et même à l’entame du dernier épisode, profitant de jouer avec nos attentes jusqu’à son dénouement, rien ne laissait présager d’une telle fin. La carte machiavélique est un atout très important dans le jeu de Lightfoot, comme son casting et son étrange amoncellement de détails curieux. Tout est mis en œuvre, collant précisément au bouquin, pour nous promettre un thriller vénéneux et fantasmagorique, avec un maître du jeu (?) à la baguette.

Un thriller vénéneux et fantasmagorique...– Sven Papaux

Dans un ballet de faux-semblants, des failles apparaissent et laissent transparaitre une ode à la manipulation. Ce cocktail fonctionne, se grippe, reprend sa marche en avant et nous devient parfois indigeste, mais il reste incertain et surprenant. «Mon amie Adèle» nous fait passer par de multiples états d’âme, souffre d’épisodes inégaux, mais plaît surtout par ses facettes sombres, son script à l’architecture obscure, incarné par un couple perturbant, tant en dehors que dans leur vie intime.

Netflix: «Mon amie Adèle» - Les terreurs amoureuses
Eve Hewson et Simona Brown dans «Mon amie Adèle» © Netflix

Steve Lightfoot fait le job, il réussit à nous emmener vers l’improbable, vers une histoire en strates parfois imaginaires et même spatiales, ces couches temporelles déroulées telles un long ruban de tissu construisent une situation amoureuse à l’âme chagrinée et épuisée par le temps. Les aléas de la vie, les rencontres et la passion forment un sentiment intense et universel pour lequel tout est possible: l’amour.

3,5/5 ★

Disponible dès maintenant sur Netflix

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