Critique7. Oktober 2019

Netflix: «Peaky Blinders» - Une cinquième saison dans la tourmente de la crise de 1929

Netflix: «Peaky Blinders» - Une cinquième saison dans la tourmente de la crise de 1929
© BBC

À l’image du clan Shelby, plus rien ne semblait pouvoir arrêter «Peaky Blinders» après une saison 4 ayant rapporté les meilleurs scores d’audience à la série. Au sommet donc, on aurait eu vite fait de craindre que «Peaky Blinders» ne pantoufle confortablement sans trop se poser de question, surtout après des saisons 3 et 4 qui avaient justement tendance à faire tourner la série en rond. Heureusement, et bien que mitigée, la saison 5 arrive pour violemment secouer le cocotier.

En 1929, si les tensions internes de la famille Shelby ne sont pas résolues, loin de là, l’entreprise familiale est plus lucrative que jamais. Malheureusement, tout le versant légal de leurs activités est balayé par la fameuse crise d’octobre. La famille doit trouver une solution, tandis qu’à l’assemblée, Tommy, élu député, voit émerger de ses rangs politiques une sombre figure historique, portée par une idéologie plus sombre encore: Oswald Mosley.

Par tous les moyens, il fallait que cette saison 5 de «Peaky Blinders» rafraîchisse sa formule, si ce n’est la bouleverse profondément, et on ne peut que remercier le showrunner Steven Knight, non seulement de l’avoir compris, mais aussi de s’être décarcassé pour apporter de nombreux changements sans briser la cohérence du show. Les mutations du récit sont profondes et nombreuses et l'on retient principalement l’attention apportée à chacun des personnages, même secondaires. Impressionnant, si Tommy Shelby est évidemment le plus fouillé (et le plus changé), chacun compte, aucun des nombreux arcs narratifs ne semble superflu et chaque figure est, à sa manière, cruciale au récit... à part peut-être Polly, un peu dommage...

«Peaky Blinders» n’a jamais été aussi sombre...– Lino Cassinat

On est également étonné par les nouvelles ambitions de la série. Habituellement peu préoccupée par l’Histoire, la série ne pouvait cependant pas survoler les reconfigurations politiques majeures de la décennie qu’elle s’apprête à aborder. «Peaky Blinders» n’a jamais été aussi sombre, et sa nouvelle posture lui donne même l’occasion de commenter notre temps, heureusement sans trop forcer. On pouvait craindre un lénifiant discours bas de gamme, mais tout ici s’aligne naturellement et avec un bel équilibre - Histoire humaine, histoires intimes, et même Histoire actuelle - grâce à Oswald Mosley (Sam Claflin, très doué), un antagoniste comme on aimerait en voir plus souvent, à la fois à la pointe du raffinement et profondément révulsant.

Peaky Blinders - Saison 5 - Sam Claflin © BBC

Enfin, si globalement la série roule mieux, tout n’est pas parfait pour autant. Le style de la série a toujours été chichiteux, parfois jusqu’à l’absurde, et si la réalisation s’est calmée sur les lumières improbables (cf les vestiaires du ring de boxe en saison 4) et les ralentis gratuits, il faut compter cette fois sur des travellings compensés et des panoramiques extrêmement rapides et parfaitement ineptes. Il est aussi assez décevant de quitter cette saison sur un cliffhanger franchement grossier et dont la ficelle est ringarde depuis la saison 3 de «Dallas». Mais ce qui gêne le plus, c’est que le récit reste grevé de vieux haillons que «Peaky Blinders» était censée avoir laissé derrière elle. On pense évidemment aux apparitions fantomatiques de Grace, vraiment très faibles, mais la saison 5 ramène quelques autres cadavres du passé qui auraient vraiment mieux fait de rester morts.

En bref!

Après deux saisons un peu pépères, «Peaky Blinders» s’est donnée du mal pour faire peau neuve dans cette cinquième saison... et ça paye. Elle est toujours un peu «too much», mais elle est aussi redevenue vraiment captivante.

3,5/5 ★

Disponible depuis le 4 octobre sur Netflix.

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