Le destin d'Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, est greffé à jamais au peuple brésilien. Il appartient à ses compatriotes, il est une figure indissociable de la joie brésilienne, surtout quand le pays plie sous la dictature du Général Médicis.
Le Roi Pelé, l’enfant du Brésil, l’ambidextre légendaire; Pelé est pour la plupart le plus grand joueur de football de tous les temps. Le documentaire nommé sobrement «Pelé» est une mine d’or d’archives, revenant sur son éclosion pour se terminer sur l’apogée de sa carrière: son 3e titre de champion du monde durant le Mondial de 70 disputé au Mexique.
Le début se centre sur la Coupe du monde de 1970, sur un Pelé décrié et annoncé déclinant. Pelé ne serait plus aussi bon qu’avant, d’après les observateurs. «Mon père m’a toujours dit que pour jouer au football, il fallait beaucoup de volonté», se souvient l’intéressé. Le duo de réalisateurs (Ben Nichols et David Tryhorn) filme un Pelé vieilli, en déambulateur. Le poids des années pèse, mais ses souvenirs glorieux et douloureux sont toujours intacts. Devenu à l’instar d’un Mohammed Ali, icône de tout un pays, ses opinions étaient scrutées, écoutées, décriées; l’oracle d’un peuple, le symbole d’une émancipation brésilienne. Pelé incarne tout ça.
Les opinions d’une telle star auraient pu faire chavirer tout un peuple...
Comme tant d'autres sportifs, l’histoire du footballeur est liée à ses convictions politiques, surtout au moment où il surfe sur une vague dorée, des frictions politiques morcellent la nation. Et sachant l’amour que le Brésil porte au ballon rond, l'érigeant au même rang que la religion, les opinions d’une telle star auraient pu faire chavirer tout un peuple. Le foot et les exploits de Pelé ont soulevé les foules, rendant le sourire à une population ébranlée de toutes parts par un régime totalitaire.
Le Général Médicis, le dictateur le plus cruel de l’histoire du Brésil, traverse le métrage tel le spectre de cette élimination prématurée en 1966, durant une Coupe du monde où Pelé s’est fait rudoyer, presque molester par une sélection portugaise emmenée par un brillant Eusébio. D’un point de vue footballistique, il symbolise un changement d’identité: l'avènement du football moderne, professionnalisé et plus physique, plus organisé. Bien loin des standards du jeu brésilien, reconnu pour son jeu technique et moins pour son intensité physique.
Une extrême tendresse et incroyablement touchant...
La posture du Roi Pelé, pleine d’humilité sur son passé de footballeur brillant et sur son existence voulue loin des contraintes politiques ou des interventions fracassantes, nous rend le personnage fragile, voire poétique. Son regard suivant ses prouesses d’antan sculpte un miroir du passé. Parfaitement filmé, les yeux plongés dans la nostalgie, Pelé est un être sensible, d’une extrême tendresse et incroyablement touchant quand il fond en larmes en évoquant son parcours en bus vers la finale du Mondial de 1970. Quelle séquence!
Comme Asif Kapadia l’avait conté avec son documentaire sur Diego Maradona, retraçant la position (presque) canonique de l’Argentin dans son club à Naples et avec la sélection argentine, Nichols et Tryhorn, avec ce documentaire, capturent et rappellent le rôle importantissime d’un simple joueur de foot, gamin des rues qui cirait des chaussures pour subvenir aux besoins de sa famille, avant de devenir une légende dépassant les sphères sportives. Le métrage retraverse la carrière unique d’un joueur souhaitant juste taper dans un ballon, tout simplement.
4/5 ★
Disponible dès maintenant sur Netflix
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