Critique29. Mai 2020 Theo Metais
Netflix: «Space Force» - La conquête de l’espace avec Steve Carell
Pitre de The Office, acteur et scénariste formidable, Steve Carell débarque sur Netflix dès aujourd’hui avec sa nouvelle série satirique: «Space Force».
C’est la promotion impensable, pilote émérite, le général Mark R. Naird (Steve Carell), qui rêve de diriger l'Air Force, tombe des nues quand on lui propose de prendre la tête de Space Force, sixième antenne des forces armées américaines. Sceptique, l’homme finit par accepter et déménage avec toute sa famille dans une base reculée du Colorado. Alors entouré par une bande de trublions scientifiques et professionnels de l’espace, il est chargé par le Bureau ovale d’envoyer les Américains sur la Lune.
Assoir la “supériorité américaine” dans l’espace, une démarche “absolument vitale” avait déclaré le président américain dans une allocution en 2019. L’espace, déclarait-il, devenant le nouveau champ de bataille. Nouveau service militaire de l’armée américaine, le projet Space Force a déjà fait couler beaucoup d’encre, et il faudra à peu près une seconde et demi pour comprendre que la série n’est pas là pour lui cirer les bottes. Comme un présage du ton de la série, le vendeur de la station service dans l'épisode 1 qui lance à la barbe du général avec une ironie non dissimulée “Oh oui c’est un secret, si vous me le disiez-vous devriez me tuer, n’est-ce pas?”. Marlbrough s’en va-t-en guerre dans l’espace et la planète entière lui rit au nez.
«Le duo John Malkovich et Steve Carell est tout bonnement un régal»
À la barre, les cocréateurs Steve Carell et Greg Daniels («The Office») et un casting dantesque avec en vedette John Malkovich, dans le rôle de Dr. Adrian Mallory, un scientifique adjoint au général, ou encore Lisa Kudrow, épouse du général. Dans son rôle, Steve Carell montre un flegme impeccable, incarnant avec une fermeté satirique le général Mark R. Naird, aussi enfantin qu’incompétent, sorte d’adolescent militarisé par le système et à la tête d’une force armée. Les aficionados du genre reconnaîtront un ton, une rythmique narrative et le sens du comique.
Découpée en 10 épisodes d’une trentaine de minutes, la série défile comme l’éclair. «Space Force» se penche dans un écrin doux-amer sur l’une des lubies de comptoir du président Donald Trump. Déjà le «First Man» de Damien Chazelle ramenait la conquête de l’espace à son aspect guéguerre de teenagers. Ici, le personnage de Steve Carell, général quatre étoiles, raciste, misogyne, père et mari aliéné, se fait la métaphore d’une administration qui ferait bien de balayer devant sa porte avant de conquérir l'au-delà. La construction de la série va parfois trop vite, on en perd un peu nos repères, mais quelques scènes, comme celle du singe dans l’espace et sa promotion rollercoaster en tant que héros de la nation dans l’épisode 2, assurent le spectacle. Enfin le duo John Malkovich et Steve Carell est tout bonnement un régal.
4/5 ★
«Space Force» est à découvrir dès aujourd'hui sur Netflix.
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