En route pour le Festival de Cannes, voici 10 films pour se mettre dans le bain

Amour, gloire et 7e art, voici une collection cinéphile (et subjective) de films qui ont défroissé les festivités cannoises. À dévorer sans modération.

(Une liste concocté par Théo Metais et Maxime Maynard)

«Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles»

De Chantal Akerman / Cannes 1975

Alors âgé de 25 ans, la réalisatrice belge Chantal Akerman, décrypte, sur plus de trois heures, le quotidien pendulaire et millimétré d’une femme, veuve, mère d’un garçon de 16 ans, et qui se prostitue pour arrondir les fins de mois. Une ménagère, comme il convenait de les appeler, incarnée par la grande Delphine Seyrig. Son aliénant quotidien est photographié par la caméra de la cinéaste, sobre témoin des tâches les plus monotones et rébarbatives. Une œuvre ô combien marquante choisi comme étant le meilleur film du monde selon le classement décennal de «Sight and Sound», établi par la revue du British Film Institute. - TM

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«Leto»

De Kirill Serebrennikov / Cannes 2018

En 2018, le réalisateur de «La Femme de Tchaïkovski», Kirill Serebrennikov, débarquait à Cannes pour présenter son long métrage «Leto», où il mettait en scène une légendaire figure musicale soviétique: Viktor Tsoï. Été 1981 à Leningrad (actuelle Saint-Petersbourg): Victor Tsoï, sous les traits de l’acteur germano-coréen Teo Yoo - reconnu pour sa participation à l’envoûtant «Past Lives» de Celine Song-, rencontre Mike Naoumenko et Natalia Naoumenko. Avec passion, le film suit leur relation, entre l’enregistrement du premier album du groupe Kino et la création de la salle de concert Leningrad Rock Club, et repart de Cannes couronné pour sa bande originale. - MM

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«Timbuktu»

De Abderrahmane Sissako / Cannes 2014

Il présentait cette année au Festival du film de Berlin son dernier projet, «Black Tea». Voilà dix ans, c’était sur la Croisette que le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako présentait «Timbuktu», dont l’histoire d’une petite famille du Mali frappé par l’arrivée de radicaux religieux avait marqué le public. Un succès tel, que le long métrage se retrouvea même nommé, l’année suivante, dans la catégorie meilleur film étranger des Oscars. - MM

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«Taxi Driver»

De Martin Scorsese / Cannes 1976

Récipiendaire de la Palme d’or en 1976, dans «Taxi Driver», Robert De Niro incarne certainement l’un des antagonistes les plus grinçants de l’histoire du cinéma. Sur un scénario de Paul Schrader (qui l’aurait écrit en seulement 15 jours) et devant la caméra de Martin Scorsese, alors âgé de 34 ans, Travis Bickle se fait la personnification d’un mal-être américain. Ancien marine devenu chauffeur de taxi, ses déambulations nocturnes, orchestrées par les partitions de Bernard Herrmann, présagent d’une longue et douloureuse descente aux enfers. Un thème récurrent dans les œuvres de Schrader, qui dès «Taxi Driver», prend la forme d’une fable cynique. - TM

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«Parasite»

De Bong Joon Ho / Cannes 2019

Récipiendaire de la Palme d’or en 2019, «Parasite» marquera l’histoire en devenant le premier film sud-coréen à obtenir ce fameux sésame. Un succès qui permettra en 2020 au film de décrocher l’Oscar du meilleur film. Et il n’en fallait pas moins à «Parasite» pour s’inscrire, en quelques mois seulement, parmi les films les plus importants de la décennie. Bong Joon-ho raconte l’histoire d’une famille de Séoul qui vit dans un taudis en sous-sol et dont le fils parvient à se faire embaucher (au moyen d’un diplôme falsifié) dans une famille aisée pour donner des cours d’anglais à leur fille. Bientôt, les deux familles se rapprochent curieusement. «Parasite» est une critique sociale rugissante, implacable et bigrement divertissante. - TM

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«Les Quatre Cents Coups»

De François Truffaut / Cannes 1959

Classique du cinéma français, «Les Quatre Cents Coups» est le premier film du réalisateur François Truffaut. Il lui apporte la reconnaissance et fait de lui une figure de proue de la Nouvelle Vague. À la fin des années 50, le jeune Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud), a une enfance difficile, entouré d’une mère et d’un beau-père distant. À cause de ses petits larcins, il se retrouve enfermé dans un centre pour jeune délinquant. Véritable triomphe, le film transformera Jean-Pierre Léaud en acteur fétiche des années 60. - MM

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«La Haine»

De Mathieu Kassovitz / Cannes 1995

Film évènement devenu culte, prix de la mise en scène à Cannes en 1995, Mathieu Kassovitz (dont «La Haine» n'est que le deuxième long métrage) y racontait 24 heures dans la vie de Vinz (Vincent Cassel), Hubert (Hubert Koundé) et Saïd (Saïd Taghmaoui), trois jeunes après une nuit d'émeutes entre la cité des Muguets, en région parisienne, et la police. Inspiré de l’affaire Makomé M'Bowolé en 1993, controversé pour sa prise de position et son manque de consensus, le film lancera néanmoins la carrière de son cinéaste et un certain Vincent Cassel. Au passage, «La Haine» ouvre la voix à un genre dans lesquels s’inscriront plus tard «Athena» de Romain Gavras ou encore «Les Misérables» de Ladj Ly. - TM

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«Titane»

De Julia Ducournau / Cannes 2021

Voilà une Palme d’or qui n’a pas manqué de faire jaqueter. En 2021, la scénariste et réalisatrice française Julia Ducournau (à qui l’on devait «Grave» en 2016), prenait tout le monde à revers avec un cinéma de genre (et gore) tonitruant. Clin d’œil à «Crash» de David Cronenberg, Agathe Rousselle incarne une serial killeuse en fuite avec un goût singulier pour la mécanique (nous nous arrêterons là pour le pitch). Sous la houlette d’un jury présidé par Spike Lee, en 2021, Julia Ducournau devenait la deuxième femme à recevoir la précieuse Palme d’or (presque 20 ans après Jane Campion pour «La Leçon de Piano». - TM

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«Les Cinq diables»

De Léa Mysius / Cannes 2022

En 2017, la réalisatrice Léa Mysius présentait déjà à Cannes son tout premier long métrage, «Ava», qui révéla l’actrice Noée Abita au grand public. En 2022, elle reprend le chemin de la Croisette avec un film étrange et fantastique, «Les cinq diables», portrait par une Adèle Exarchopoulos toujours magnétique. La vie de la jeune vicky vit dans une petite ville de montagne avec ses parents. Sa vie se retrouve chamboulée à l'arrivée de sa tante. Solitaire, la jeune fille possède une capacité hors du commun: son odorat super développé lui permet de reproduire toutes les odeurs qu'elle croise. Les parfums crées l’aide à se plonger dans les souvenirs de sa mère. - MM

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«Capharnaüm»

De Nadine Labaki / Cannes 2018

Elle aussi avait présenté son tout premier long métrage au Festival de Cannes. En 2007, le film «Caramel» de l’actrice-réalisatrice libanaise Nadine Labaki était projeté à la Quinzaine des réalisateurs. En 2018, elle prouve une maturité artistique flagrante avec le grand «Capharnaüm». L’œuvre, lauréat du Prix du Jury, est également nommée dans la catégorie meilleur film étranger des Oscar 2019. L’histoire poignante d’un jeune garçon d’un quartier de Beyrouth qui intente un procès contre ses parents pour négligence: un film coup-de-poing. - MM

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