Critique31. Mai 2021 Sven Papaux
«Panic» sur Prime Video - Jouer avec la mort pour changer de vie
Lauren Oliver adapte ses propres récits; la série «Panic» est apparue sur Amazon Prime le 28 mai avec son lot de promesses et de nouvelles têtes. Alors est-elle ce bon coup de pied dans la fourmilière des «teen show»? Place au verdict.
Le terme «Panic» est tiré d’un jeu secret et ouvert aux élèves de terminale, aussi dangereux que bien rémunéré. Dans le petit patelin de Carp au Texas, les adolescents ne respirent pas la joie de vivre. Les rêves se transforment en désillusions et l’idée de prendre ses jambes à son cou pour filer de ce coin crasseux passe par «Panic»; des défis et des points à récolter pour récupérer le pactole. Derrière cette manigance se cache des juges anonymes, les maîtres d’un jeu qui flirte de très près avec la mort.
«La capitale du rien», voilà comment la petite ville de Carp est surnommée par sa jeunesse désabusée. Dans «Panic», on pourrait penser à la série documentaire «Last Chance U», où de jeunes étudiants sacrifient leur vie pour le sport, pour s’octroyer une bourse et rêver d’une vie meilleure. On pense aussi à «Gossip Girl» pour ce côté «maître du jeu mystérieux». Ce croisement plutôt inattendu nous dessine les contours de cette nouvelle création Amazon, avec un schéma bien huilé: un épisode pour un défi. Sauter d’une falaise, traverser un pont en mauvais état reliant deux silos délabrés, ou passer la nuit dans une morgue, les différents challenges convoquent courage et dépassement de soi.
«ce mélange de personnages caricaturaux fonctionne...»
Une trame narrative classique et des personnages aux portraits souvent déjà aperçus dans ce genre de production: le bad boy qui révèle ses fêlures, l’outsider mystérieux, la meilleure amie frustrée et jalouse, ou la jeune fille trop intelligente pour s’emmurer ici. Croyez-le ou non, mais il faut avouer que ce mélange de personnages caricaturaux fonctionne. Le casting est plutôt bon et nous fait découvrir de nouveaux et talentueux visages: Olivia Welch («Unbelievable ») dans la peau de Heather, Mike Faist sous les traits de Dodge Mason (que l'on retrouvera prochainement dans le «West Side Story» de Steven Spielberg), ou encore l’excellent Ray Nicholson en Ray Hall et qui n’est autre que le fils de Jack Nicholson.
Des romances et de nombreux problèmes parentaux s’entrelacent pour nous enliser dans une valse des non-dits. À Carp, tout le monde a un secret, des parents aux enfants. Mais à trop vernir ce petit monde de failles, «Panic» révèle ses faiblesses: des sous-couches qui alourdissent le schéma initial. Ce surplus fait dérailler les deux premiers épisodes très prometteurs et freinent le noyau de la série, à savoir l’envie - dangereuse, certes - de fuir les tourments texans. Une jeunesse désenchantée, des ados (déjà) désabusés qui se perçoivent comme des losers suintant la sueur; et la peur sous toutes ses formes, elle traine dans les recoins de ce patelin...
«l’urgence de prendre son envol...»
«Panic» est l’évocation du grand vide après le lycée; quitter le nid pour commencer la fac et se former à une nouvelle existence. Lauren Oliver, en adaptant son livre, en parle de manière assez intelligente à travers le prisme d’un jeu reflétant l’urgence de prendre son envol. Mais cette même urgence s’estompe plus les épisodes s’empilent, cédant au drame éculé et artificiel. Et malgré tout ça, on poursuit la lecture des chapitres sans s’arrêter, comme un plaisir coupable. Pourquoi? On veut savoir qui sont ces fameux juges...
3,5/5 ★
«Panic» est à découvrir depuis le 28 mai sur Amazon Prime Video.
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