Critique27. April 2022 Cineman Redaktion
«Petite Princesse» - Une passion pour l’altruisme
Pour son nouveau film, le Zurichois Peter Luisi livre un drame social tout en intimité. Petite Princesse raconte l’histoire d’une jeune fille de quatre ans qui « guérit » son oncle de l’alcoolisme avant de se retrouver elle-même dans la toxicomanie trente ans plus tard.
(Critique de Rolf Breiner, initialement publiée en allemand et librement adaptée par Damien Brodard.)
« Négligé » serait un doux euphémisme pour décrire l’état de Josef (Fabian Krüger), âgé d'environ 47 ans. Porté sur la boisson, il vit au jour le jour entre la maison familiale et son jardin, tous deux délabrés à l’image de leur occupant. Lorsque sa sœur Karin (Anne Haug) emménage avec sa fille Nina (Lia Hahne), Josef est bousculé dans sa routine. En effet, la colocataire de quatre ans commence à se rapprocher de cet homme qui a tout abandonné. La vie le regagne petit à petit et « l’alcoolique » se transforme en « bon oncle » ; elle devient quant à elle sa « Petite Princesse ». Alors que Josef semble s’être remis sur la voie de la sobriété, une rechute – au cours de laquelle Nina se blesse – provoque leur séparation. Avant de quitter sa nièce avec laquelle il est maintenant lié d’amitié, Josef lui fait une promesse : « Je serai toujours là pour toi ».
Un plaidoyer pour le dépassement des addictions, l’amour et l’espoir...
35 ans plus tard, leurs chemins vont à nouveau se croiser. Lors de l’enterrement de sa sœur, Josef (Matthias Habich), désormais âgé de 82 ans, apprend que sa nièce Nina (Johann Bantzer) est retenue en Ukraine. Elle vivote en tant que toxicomane depuis des années et croupit désormais en prison. Se souvenant de sa promesse, il se rend en Europe de l’Est, armé d'une liasse de francs suisses. Josef tente alors de délivrer Nina, mais surtout de la libérer de ses démons.
Ainsi s’entame le deuxième acte du drame «Petite Princesse» qui devient un thriller en demi-teinte. Cette mission de sauvetage en Ukraine est jonchée de clichés de films policiers et perd en suspense ainsi qu’en crédibilité. Le film, qui avait commencé par un drame sensible et intime, ne se remet pas de cette soudaine rupture de ton. L’écart entre la bonne intention de départ et la réalisation est trop important. De plus, l’Ukraine est malheureusement cantonnée à être le théâtre sordide de la vie gâchée de Nina. Même l’excellente distribution peine à donner de l’intérêt à cette deuxième partie.
Il faudra néanmoins saluer la performance de Lia Hahne, jeune actrice de quatre ans, qui parvient à faire ressentir l’attachement que porte Nina à son oncle, en interprétant une fillette éveillée et étrangère aux préjugés. Une très belle découverte ! Mais malgré de bonnes intentions, ce drame social s’éparpille, non pas en termes de contenu, mais de réalisation dramatique. Or, après «Flitzer» (2017) et «L’homme de sable» (2011), Peter Luisi conçoit son film Petite Princesse comme un conte moderne, empathique, un plaidoyer pour le dépassement des addictions, l’amour et l’espoir.
Bande-annonce
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