Article12. Oktober 2023 Emma Raposo
Pourquoi faut-il absolument regarder «Lessons in Chemistry» sur Apple TV+
Brie Larson laisse au placard son habit de super-héroïne Marvel pour se glisser dans la peau d’une femme des années 50, chimiste talentueuse que personne ne prend au sérieux et qui devient la star d’une émission de cuisine. Coup de projecteur sur la nouvelle série Apple TV+ à découvrir dès le 13 octobre.
Elizabeth Zott (Brie Larson) travaille dans les laboratoires Hastings. Chimiste ultra-intelligente, elle espère un jour voir ses recherches publiées. Mais, il y a un mais, elle est une femme dans les années 50. Parmi ses pairs masculins, personne ne reconnaît son talent, quand bien même son intelligence surpasse aisément celle de tous ses collègues réunis. Rabaissée la plupart du temps au rang de serveuse de café, elle travaille dans l’ombre. Un jour, elle attire l’attention de Calvin Evans (Lewis Pullman), scientifique star de l’institut. Ensemble, ils poursuivent les travaux initiés par Elizabeth. L’alchimie est immédiate, et bientôt, plus que des partenaires de laboratoire, ils tombent amoureux.
Mais la vie est imprévisible. Elizabeth, désormais mère célibataire et sans emploi, voit son rêve de devenir une grande scientifique s’évanouir plus les contraintes de la vie quotidienne s’accumulent. Alors lorsqu’un producteur de télévision lui propose de présenter une émission de cuisine, elle hésite puis accepte, avec tous les avantages et inconvénients que cela suppose.
Brie Larson est éclatante
L’article oscarisée en 2016 pour son rôle dans «Room» est formidable dans le rôle de cette jeune femme du milieu du siècle dernier. Socialement inapte, tout comme son partenaire Calvin Evans interprété par Lewis Pullman, Elizabeth est une femme au passé tourmenté qui a dû se construire seule. Personnage qui aurait pu être antipathique, il n’en est rien. Au contraire, Brie Larson réussit un joli tour de force en construisant un personnage tout en nuances, une figure féminine à la fois forte et vulnérable, froide et chaleureuse, qui attire la sympathie et suscite l’émotion.
Des figures féminines fortes
Si Brie Larson est indiscutablement la figure centrale de la série, on retrouve à ses côtés des personnages tout aussi intéressants, à commencer par la voisine et militante Harriet Sloane incarnée par Aja Naomi King, vue dans la série «How to get away with murder». Deuxième personnage féminin fort, elle aussi doit élever ses enfants seule, et se battre contre le racisme et la discrimination. Des figures fortes, mais jamais écrasantes, qui livrent leur bataille avec beaucoup de lucidité. Outre les femmes, les rôles masculins principaux de la série, notamment interprétés par Lewis Pullman et Kevin Sussman, apportent une nuance bienvenue quant à la masculinité toxique émanant des autres protagonistes de la série.
Des thèmes contemporains
Adaptée du roman éponyme de Bonnie Garmus sorti en 2022, la série tourne autour de la figure d’Elizabeth, une femme aux pensées féministes. Elle qui évolue dans un monde de scientifiques dirigés par des hommes qui préféreraient la voir derrière un bureau de secrétaire se montre très claire: elle ne se mariera pas et n’aura pas d’enfants, pas plus qu’elle ne sourira à la demande ou ne participera au concours de beauté organisé pour les employées des laboratoires où elle travaille. Rejetant ainsi le rôle qui a été assigné aux femmes, Elizabeth se heurte à bien plus que des hommes, mais également à des femmes qui se sentent insultées, pensant être prises de haut. En réalité, à travers son émission de cuisine, elle va représenter une source d’inspiration pour beaucoup de femmes.
Depuis les années 50, les mentalités ont certes évolué, mais certaines thématiques restent encore d’actualité. Le sexisme dans le monde du travail, la grossesse comme motif de licenciement, le sacrifice d’une carrière au profit de la vie familiale, ou ce que les femmes sacrifient en plus des hommes lorsqu’elles deviennent mères. La série ne dénonce pas plus qu’elle ne juge, mais elle souligne l’injustice et les batailles incessantes que les femmes doivent livrer pour être entendues.
À côté des thématiques féministes, les 8 épisodes racontent la difficulté de la maternité, et plus globalement de la parentalité ainsi que de la monoparentalité. Ils pointent également du doigt le sentiment de culpabilité des mères de ne pas être assez bien, ou de ne pas faire juste. Jongler avec un travail, un enfant, ainsi qu’avec toutes les tâches quotidiennes relève de l’exploit, et la série démontre que toutes les batailles ne peuvent pas être gagnées, mais qu’être un bon parent, c'est déjà en avoir conscience.
Une esthétique magnifique
Le Los Angeles des années 50-60 n’a jamais paru aussi accueillant. On est pourtant loin des clichés que l’on connaît si bien de la ville des anges: ses grandes plages, Hollywood, ou encore ses résidences de luxe. Loin des strass et paillettes, «Lessons in Chemistry» plante son décor dans la banlieue de la ville. Des décors aux costumes, en passant par la lumière, la série créée par Lee Eisenberg a une esthétique irréprochable, si bien qu’on rêverait presque de faire partie du tableau. Réussite visuelle, «Lessons in Chemistry» divertit, émeut, fait sourire et réfléchir. Un plaisir à ne pas manquer.
Les deux premiers épisodes de «Lessons in Chemistry» seront disponibles le 13 octobre sur Apple TV+, puis au rythme d'un épisode par semaine.
4,5/5 ★
Bande-annonce de «Lessons in Chemistry»
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