Interview4. Oktober 2022

Ruben Östlund sur «The Entertainment System is Down», son prochain film encore plus délirant que «Sans Filtre»

Ruben Östlund sur «The Entertainment System is Down», son prochain film encore plus délirant que «Sans Filtre»
© Xenix Filmdistribution GmbH

Le cinéaste deux fois palmé d’or à Cannes s’est confié sur le huis clos complètement fou de son nouveau film.

(Propos recueillis à Berlin et mis en forme par Théo Metais)

De passage à Berlin pour la promotion de «Sans Filtre», Ruben Östlund, qui aime les expériences sociologiques et psychologiques intenses, s’est confié d’un air amusé sur son nouveau projet. Une nouvelle satire, avec une pointe de cynisme qui lui va si bien. L'aventure promet d’être épique.

«Ça s'appelle «The Entertainment System is Down». C’est un film qui se passera sur un vol long courrier. Peu de temps après le décollage, les passagers apprendront du personnel de cabine qu’il n’y aura pas de divertissement sur ce vol car les écrans ne marchent plus. Ainsi, nous aurons des êtres modernes, dépendants des écrans, qui, d’un coup vont devoir se retrouver seul.e.s avec leurs pensées. Bien évidemment, au début, il y aura encore un peu de batterie pour les téléphones, les iPad, etc, mais bientôt, il n’y a plus rien… »

Voilà un pitch qui ne manque pas de sel, l'occasion d'observer ses contemporain.e.s à la loupe et d'en rire pour déclencher la satire. Déjà pour la sortie de «Snow Therapy», il avait avoué sa passion pour Youtube comme élément d’inspiration à la création de personnages singuliers. Ici encore, le cinéaste est allé puiser son idée dans les affres de la sociologie :

«J’ai toujours été intéressé par notre besoin constant de distraction. Et en réalité, l’idée de ce film vient d’une étude sociologique. Un truc fantastique. On a demandé à des gens de s’assoir dans une pièce et de ne rien faire. L’étude n’a, me semble-t-il, pas duré plus de 15 minutes. Et les personnes testées, qui n’avaient pas été mises au courant de la durée de l’étude, ont trouvé l’expérience absolument horrible.»

Mais ce n'est pas tout, nous raconte le cinéaste : «Un élément avait été ajouté dans la pièce : un bouton grâce auquel les personnes pouvaient décider de se donner une décharge électrique. Ce n’était pas une décharge grave, seulement très désagréable. Et 40% des personnes testées ont appuyé sur ce bouton pour s’extirper de cet épouvantable moment où elles étaient laissées seules avec leurs pensées. Alors je me suis dit que ça pouvait être fantastique de voir des êtres modernes, isolés dans un avion pendant 15 heures sans aucune source de divertissement».

Voilà une extrapolation cinématographique qui, sous la coupe du cinéaste, promet un grand moment. Et Ruben Östlund de conclure: «Figurez-vous que ça va être super divertissant (rires)!». En attendant, «Sans Filtre» est à découvrir au cinéma depuis le 28 septembre. Visuellement très abouti, et peut-être encore plus cinglant que «The Square», déjà palmé en 2017, «Sans Filtre» est cette satire sur les super-riches de ce monde, où la beauté n’est autre qu’une «monnaie d’échange» selon les dires du cinéaste.

Bande-annonce

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