Pour son premier long-métrage, Fabrice Maruca nous embarque dans le quotidien d’une entreprise de livraison de chansons. De quoi enrayer la morosité hivernale qui approche.
Prêt de la frontière belge à Quiévrechain, une usine ferme. Parmi ses employés, Franck, passionné de variété française, Sophie, José, et Jean-Claude, anciens collèges et amis qui un jour font le pari de monter une entreprise de livraison de chansons à domicile. Un projet étonnant pour cette ville industrielle du nord de la France, et pourtant, il semble qu’ils aient trouvé un filon. Bientôt le carnet de commandes se remplit, déclarations d’amour, départs en retraite, anniversaires, bref Quiévrechain se régale ; mais quelques fausses notes au sein du groupe pourraient bien mettre l’entreprise en péril.
Connu pour les excellentes séries « La Minute Vieille » ou « A Musée vous, à musée moi » sur Arte, Fabrice Maruca, natif de Quiévrechain, n’en est pas à son premier coup de crayon. À la barre ici de son premier long-métrage, il retourne sur les terres de son enfance, dans le décor des Corons de Bachelet et du Tourcoing (Coin-coin !) de Bourvil. Ici, le Valenciennois se réveille en berne après la fermeture d’une énième usine (tournage du film dans les locaux de l’ancienne usine Sofanor fermée il y a 10 ans), et Franck a un projet musical.
Une célébration du répertoire de la chanson française...
Chorale rafraichissante, Alice Pol, Artus, Clovis Cornillac et Jérémy Lopez se donnent la réplique dans cette comédie sociale et musicale. Malgré la bonhomie de son quatuor, on regrette une nouvelle fois de ne pas voir Artus mettre son sens du rythme et de la phrase au service d’un cinéma plus exigeant. Pareil pour Alice Pol qui aurait certainement mérité un personnage un peu plus travaillé. Le sociétaire de la comédie française Jérémy Lopez tient là un rôle un brin candide, bien loin des planches, et Clovis Cornillac trouve finalement quelques notes touchantes dans le costard du petit cadre technique.
Une célébration du répertoire de la chanson française, au milieu d’un discours sur la lutte des classes, d’une romance inavouée, d’un conflit père-fils et d’un parallèle inévitable sur la désindustrialisation du nord de la France. Qu’ils s’appellent Bruno Dumont ou Arnaud Depleschin, ils ont été quelques-uns ces dernières années à filmer le Nord. Le chapeau de la France comme décorum, notons aussi Louis-Julien Petit pour l’excellent «Les Invisibles» en 2019 ou le récent «Cette musique ne joue pour personne» de Samuel Benchetrit. Un paysage qui sert le cinéma d’auteur, les comédies burlesques, engagées et des envolées plus absurdes. Si on chantait se posera sans anicroche dans les mémoires collectives. Un feel good cousu de fil blanc, mais qui ne manque pas de mettre Quiévrechain à l’honneur.
2/5 ★
Depuis le 3 novembre au cinéma. Plus d'informations sur «Si on chantait».
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