Article10. November 2022 Cineman Redaktion
Star Wars, Kaamelott et Ricky Gervais : 5 choses à retenir de la masterclass au GIFF d’Alexandre Astier
Alexandre Astier, réalisateur entre autres de «Kaamelott» et «David et Madame Hansen», a reçu le prix «Film & Beyond» pour l’ensemble de son œuvre. L’occasion de revenir sur quelques moments marquants sa masterclass donnée à Genève il y a quelques jours.
(Un article de Kilian Junker depuis le GIFF 2022)
«Je ne sais pas ce qui se passe en Suisse, mais aucun journaliste ne me pose de question con».
Flatteur envers les journalistes, Alexandre Astier semble avoir apprécié son tour des médias helvétiques réalisés en amont de la réception de son prix. De quoi mettre la pression à Pierre Philippe Cadert qui modèrera cette rencontre. Il entamera la discussion avec le tout début de la carrière de l’artiste multi-casquette et son court-métrage qui l’a fait connaître à travers les festivals : «Dies iræ» (2002). «Un souvenir fort», selon les propres mots d’Astier, «qui a fait parler», et ce jusqu’aux oreilles des dirigeants de M6 alors à la recherche d’une proposition pour remplacer «Caméra café». «Une guerre de tranchées», avoue-t-il, pour acquérir la diffusion de ce tout petit format qui deviendra la case «Kaamelott». Une pastille «faite pour être pas chère et facile à produire, alors que Kaamelott n’était absolument pas prévu pour ça». Un véritable casse-tête pour Astier qui souhaitait garder le contrôle sur tout : rôle principal, réalisation, musique, montage…
«De toutes façons il va craquer, dans deux semaines on va le retrouver en train de pleurer»
C’est ainsi que chez M6 on parlait d’Astier au début de la série, avec la certitude que sa volonté de contrôle total allait rapidement s’étioler face à la réalité de la production. C’est sans compter sur le caractère de l’artiste : «Je ne souhaitais pas qu’on vienne toucher mes jouets». Et malgré le côté intimidant de ce milieu, il a vite compris que télévision ou cinéma, court ou long-métrage, ce n’étaient «que des endroits où raconter des histoires» en se détachant totalement des codes et des impératifs d’audience. Il l’avoue lui-même : face aux chiffres, «je me fiais au sourire de ceux qui me l’annonçaient» pour en comprendre le succès.
«Je suis un très, très grand admirateur de Ricky Gervais»
Questionné sur qui pourrait être son modèle dans la création, Astier avance : «Je sais à chaque fois que je m’installe devant quelque chose de Ricky Gervais que je vais avoir affaire à lui». Une patte franche qui a beaucoup inspiré le réalisateur français, tout comme celle de George Lucas, le créateur de «Star Wars». «Il me manque», avance-t-il, face à une licence qu’Astier «n’arrive plus à suivre». «Avant nous attendions du Star Wars des décennies entières, maintenant, je suis en retard de cinq ou six films», confie-t-il, «ça ne me regarde plus». Il se retrouve perdu face à la dépossession des œuvres imposée par les grands studios et nostalgique des réalisateurs qui signaient leurs films d’une paternité très forte. Les suivants n’auront «que fait des films de fans». «Moi, j’aime les artistes qui me disent laissez-moi faire» et non la réitération d’une recette qui a déjà marché.
«Je ne peux pas écrire le Kaamelott d’avant»
Le nouveau Kaamelott «sera forcément surprenant, car je ne sais pas moi-même ce qu’il va être», notamment parce qu’il confesse écrire au dernier moment. Et peu importe que le film déçoive certains : «C’est un risque que je prends». Malgré la période compliquée que traverse le cinéma, Astier ne s’inquiète pas de plaire aux fans ou de suivre une recette : «Ce n’est pas mon métier». Et de nous rassurer : «Kaamelott : second volet » sortira bel et bien en salles, pas sur les plateformes. J’ai envie de concevoir ce genre d’objet et qu’on se retrouve autour de quelque chose». Même si lui-même admet ne pas aller souvent au cinéma, à cause d’un certain malaise ressenti face à la foule. De plus, que les longs-métrages soient «géniaux ou nuls», le réalisateur dit qu’ils le «touchent trop». «Je me laisse très vite envahir par les œuvres des autres, assez dangereusement […] Je mesure donc ce que je regarde. En revanche, je tiens à fabriquer un spectacle qui se voit en salles».
«On peut ruiner un chef-d'œuvre avec un mauvais montage, mais on peut aussi sauver un navet»
Alexandre Astier évoque l’importance du montage, le processus le plus important selon lui pour réussir un film. Une pratique apprise d’abord théoriquement, puis via les outils informatiques. «Le rapport avec la machine est hyper important», confie-t-il, avant de reconnaître sans détour son attirance pour la technique. «Vous voulez que je vous dise ce que j’ai de plus nerd ?», demande-t-il, avant de confesser : «Pour écrire Kaamelott premier volet», la première chose qu’il faisait chaque jour était d’ouvrir un logiciel construit par ses propres soins, «qui me dit ce que je dois faire». Acteurs manquants, ligne de dialogue, chronologie, il a ainsi dessiné le «fil» de son long-métrage grâce à un ordinateur. «Mon camarade de jeu», pendant l’écriture, «est donc une espèce de R2D2 fabriqué exprès» qui lui fait visiblement gagner beaucoup de temps malgré les railleries de son équipe.
Et de conclure sur un conseil donné aux potentiels futurs artistes dans la salle : «Mettez-vous bien ça dans le crâne, l’idée, c'est le faux ami de l’artiste». «L’inventivité, c'est la limite de l’œuvre, c’est après que ça devient intéressant», affirme-t-il. «Là où on est fertiles, c’est après l’imagination. Mais faut y aller…».
Une masterclass à (re)découvrir en intégralité sur le site de la RTS, dans la page de l’émission Vertigo
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