Critique21. Dezember 2021

«The Matrix Resurrections» - La madeleine de Lana Wachowski

«The Matrix Resurrections» - La madeleine de Lana Wachowski
© Warner Bros.Entertainment Switzerland GmbH

Personne ne l’attendait, la trilogie flottait en Messi dans les mémoires néonoires du début du siècle et pourtant, Lana Wachowski revient pour conter le quatrième volet des aventures de notre cher et tendre Mr Anderson. Un nouveau métrage à la croisée des trois précédents où les souvenirs se mêlent et s’entremêlent. Alors, énième coup de génie ou simple objet pop ?

20 ans après les évènements de «The Matrix Revolutions», Thomas Anderson (Keanu Reeves) coule ses vieux jours dans les hauteurs de verre des bureaux de son éditeur de jeux vidéo à San Fransisco. Programmateur de génie, il est l’auteur acclamé du célèbre «Binary», un jeu vidéo qui plonge ses joueurs dans la matrice, et alors qu’un quatrième jeu est commandé, les frontières entre la fiction et le réel se mêlent à nouveau et bientôt Morpheus (Yahya Abdul-Mateen II) réapparait.

Les trois précédents volets nous avaient appris une chose : la matrice est un multivers à la botte de son architecte et des programmes qui l’habitent, lesquels se distinguent du monde réel et de ses machines. Il y a quelques années, nous avions quitté Neo, aveugle, face aux sentinelles dans un duel biblique pour libérer la ville de Zion, et le verdict paraissait sans appel. Mais voilà qu’il revient d’entre les morts, avec des airs d’architecte à la place de l’architecte. Keanu Reeves rendosse le costard du programmateur du premier volet, recroise la route d’un lapin façon Lewis Carroll. «Welcome back to the real world» entendra-t-on! Pourtant, Lana et Lilly avaient conclu la trilogie et refuseront des années durant les avances de la Warner, alors que s’est-il passé ?

«Le monde a changé et Matrix aussi...»– Théo Metais

Matrix a toujours été intimement lié à l’histoire personnelle de ses réalisatrices. Une fable philosophique, un triptyque (naissance, vie et mort), une vision de l’oppression des peuples, de leur libération, et de la transidentité à l’aube d’un siècle digital. Alors pour comprendre «The Matrix Resurrections», il faudra écouter les confessions de Lana Wachowski au festival de littérature de Berlin en 2021. La cinéaste y confie le décès brutal de ses deux parents et d’un ami proche. Quatrième installation de la franchise et sequel de «The Matrix Revolutions» (2003), ce nouveau volet permet à la cinéaste d’entamer un processus de deuil en ramenant des êtres chers : Neo et Trinity. D’ailleurs, souvenez-vous, s’il est un endroit qui permet de s’affranchir de l’immuable fragilité des êtres, c’est bien la matrice.

«The Matrix Resurrections» - La madeleine de Lana Wachowski
Yahya Abdul-Mateen II dans le rôle de Morpheus © Warner Bros.Entertainment Switzerland GmbH

Ainsi Lana navigue en solo, et nous parle d’un Néo névrosé, de ses thérapies avec un curieux Neil Patrick Harris, de la commande d’un nouveau jeu vidéo et de Carrie-Anne Moss qui ne le reconnait (presque) plus. Et vous voilà dès le générique replongé dans cette atmosphère si singulière. Sorte d’histoire dans l’histoire un peu méta, il y a un charme indéniable à les revoir à l’écran. Un déjà-vu gigantesque, un peu attendu, mais parfaitement assumé, où se croisent notamment une étonnante ré-amplification du phénomène Morpheus, incarnée par Yahya Abdul-Mateen II, une Jada Pinkett Smith vieillie et d’autres curiosités très Matrix pour faire bondir la fan-base.

«Un charme indéniable...»– Théo Metais

Coupable d’avoir créé un objet culte en 1999 avec sa sœur, pas sûr que la résurrection ne soit aussi visionnaire que ses ainés. Lana Wachowski ressuscite, beaucoup, un peu trop peut-être, à l’orée de l’hommage vitrine. Pourtant, il y a une maîtrise évidente de son art et de son sujet. Ni passéiste, ni véritablement original; jusque dans son final, «The Matrix Resurrections» livre certainement le volet le plus complaisant de la saga. De quoi alimenter la bave de ses pourfendeurs, mais le monde a changé et Matrix aussi. Il fait bon vivre parfois auprès de nos animaux fantastiques. Alors, il faudra apprécier «The Matrix Resurrections» pour ce qu’il est, une course contre le temps à la reconquête de ses êtres chers.

3/5 ★

Le 22 décembre au cinéma. Plus d'informations sur «The Matrix Resurrections».

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