Critique22. August 2018 Theo Metais
«The Meg» - L’Homme tout puissant face à la nature ...
Surfant sur la vague des Dents de la Mer et du navrant mais cultissime et donc indispensable Psycho Shark, le réalisateur de Rasta Rockett (Jon Turteltaub) s’apprête lui aussi à hanter les plages estivales avec un mastodonte tout droit sorti des profondeurs de la préhistoire… Le squale a la dent dure et Jason Statham une cuirasse de bronze. Voilà qui était presque prometteur !
À quelques encablures des côtes chinoises, un industriel américain finance un programme international d'observation de la vie sous-marine. L’homme n’est ni philanthrope ni océanographe et il s’enrichit des potentielles merveilles immergées. Et à 10 000 mètres de profondeur, il semble que la science ait sous-estimé le potentiel de notre planète. Un submersible partira en mission mais il sera attaqué par un prédateur. Un seul homme pourra alors intervenir, un plongeur qui 5 ans auparavant s’était retrouvé face-à-face avec ce gigantesque requin: le Megalodon.
Basé sur la saga éponyme de l’auteur américain Steve Alten; si le film de Jon Turteltaub inspire la sympathie, c’est dans la surenchère d’une idée grotesque avec Jason Statham en plongeur-sauveteur ! Il faudra s’attendre à une vaste blague d’un genre très B-movie et, dès les premiers instants jusqu’au premier sauvetage, The Meg est outrancier de clichés dans la composition des rôles au point d’en être amusant. Le film déboule à une vitesse folle, taquine l’hégémonie américaine et le trio de la première mission sous-marine se révèle plutôt charmant. Bref ! On peine à y croire mais dans sa catégorie, The Meg démarre convenablement.
C’est dans la violence de son discours éthique et scientifique que le film de Jon Turteltaub laissera perplexe...
Alors que le suspens est cloîtré au début à 10 000 mètres dans les profondeurs du Pacifique, les courants marins laisseront le Megalodon s’échapper à la surface. Dès lors, il s’offrait au moins deux possibilités au scénario. La première: rétablir un équilibre naturel entre l’Homme et l’animal par la “fiction scientifique” (ce qui aurait pu être épique en plus d’être ingénieux), ou alors privilégier le divertissement d’action, mais sans surprise le prédateur devient une monstruosité qu’il faut abattre. L’océanographe chinois, interprété par Winston Chao, aura d’ailleurs quelques remarques judicieuses sur l’Homme et sa curiosité destructrice. Pourtant The Meg persiste et sombre avec violence. Un choix narratif qui sur grand écran offrira son lot de scènes aussi discutables que vertigineuses et sanguinolentes, à l’image de son climax au harpon ...
Sous couvert de proposer (on l’espère) une farce de second-degré, le spectateur y trouvera un discours très nombriliste sur l’Homme tout puissant face à la nature. Ici le “monstre” n’est autre qu’un mammifère en dehors de son écosystème, de surcroît ancestral et déniché par la science. Avec le personnage de la petite de fille, jouée par Shuya Sophia Cai et qui séduira nécessairement un public plus jeune, les intentions du film sont d’autant plus contestables. Il reste néanmoins la très convenable prestation de sa mère (dans le film), l’océanographe Suyin interprétée par Bingbing Li (Seventeen Years , Transformers: Age of Extinction), aux côtés du très sympathique Ólafur Darri Ólafsson, l’un des rescapés de la première mission sous-marine, et d’un Jason Statham qui se cantonne au même genre de rôle et pour cause, ça a le mérite d’être efficace.
En Bref !
À première vue, The Meg pouvait laisser curieux tant il surjouait la carte de l’extravagance et du kitsch, mais c’est dans la violence de son discours éthique et scientifique que le film de Jon Turteltaub laissera perplexe. C’est une farce, certes, presque dystopique entre l’Homme et l’animal, mais il y aura autant de raisons de se lamenter que d’applaudir …
Note de la rédaction -> 2/5 ★
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