Critique29. Dezember 2021

«Tove» - Errances et tribulations au pays des trolls

«Tove» - Errances et tribulations au pays des trolls
© DCM Film Distribution

La cinéaste Zaida Bergroth se penche sur le destin de la Finlandaise Tove Jansson, ses jeunes années, son talent artistique et la création des Moumines qui la rendront mondialement célèbre. Le biopic raconte aussi et de manière captivante la quête identitaire de cette artiste bisexuelle dans une société et à une époque où rien n’est encore évident.

Tove Jansson (1914-2001) est aujourd'hui l'une des artistes finlandaises les plus célèbres. Mais plus connus qu'elle encore, il y les Moumines qu'elle a créés : des personnages de fable aux airs d’hippopotames et qui vivent dans les forêts profondes de la Finlande. Créés par Jansson à la fin de sa vie sous forme de bande dessinée, les Moumines ont commencé à conquérir le monde à la fin des années 1940. Aujourd'hui, on les retrouve non seulement dans les livres et les bandes dessinées, mais aussi dans les pièces radiophoniques et les films ; leur créatrice est considérée comme l'une des écrivaines les plus connues de Scandinavie.

Dans son biopic, la réalisatrice Zaida Bergroth se concentre sur la période la plus tumultueuse de la vie de Tove Jansson, les premières années après la Seconde Guerre mondiale. Née en 1914 d'un père sculpteur et d'une mère graphiste, Jansson grandit dans les cercles artistiques. Dans les années 1930, elle étudie l'illustration, le graphisme et la peinture à Stockholm et à Helsinki. La cinéaste nous parle de cette relation compliquée avec son père, lui-même sculpteur, et qui manque de compréhension, de tact, face aux œuvres de sa fille. Jansson doute de son talent, ses peintures ne répondent pas à ses exigences. D’ailleurs, elle considère ses illustrations et ses caricatures, pourtant mordantes, comme un simple moyen de gagner sa vie et les courts épisodes de la vie des Moomins qu'elle dessine d'une main lâche, sont pour elle tout au plus un passe-temps.

«Le biopic captivant d'une jeune femme sensible, en avance sur son temps...»– Irene Genhart

À la fin de la guerre, l’artiste quitte le domicile parental. Elle vit au jour le jour, fréquente les cercles bohèmes d'Helsinki, aime les fêtes et les mondanités. Elle entame une relation avec Atos Wirtanen (Shanti Roney), un homme politique marié. Et un peu plus tard, elle s’éprend de Vivica Bandler (Krista Kosonen), une metteuse en scène de théâtre en pleine ascension, également mariée ; la voilà dès lors en conflit entre l'homme qu'elle aimerait épouser et la femme à laquelle elle est émotionnellement attachée. Et alors qu’elle suit Bandler à Paris, Tove constate qu’elle est un esprit encore plus libre qu'elle et rentre épuisée. Enfin Tove Jansson rencontre celle qui deviendra sa compagne, la graphiste Tuulikki Pietilä.

© DCM Film Distribution

Ainsi Zaida Bergroth développe son film autour de la carrière artistique et des relations amoureuses de Tove, instables et à l’impact déterminant sur son succès professionnel. La cinéaste met en scène un film aux couleurs chaudes et avec une belle attention pour le détail. «Tove» dévoile le biopic captivant d'une jeune femme sensible, en avance sur son temps, et qui n'est prête à faire aucun compromis, ni dans son art ni dans son mode de vie. Une réussite qui doit beaucoup à l’actrice Alma Pöysti, si charismatique, déconcertante, et qui parvient à donner corps aux multiples contradictions de Jansson. Un film qui traite marginalement de la genèse des Moumines pour se concentrer sur la vie romanesque de leur créatrice, de quoi chiffonner celles et ceux qui auraient souhaité en découvrir davantage sur ces mythiques créatures, mais il reste un excellent biopic, et qui mérite d’être vu.

4/5 ★

Le 29 décembre au cinéma. Plus d'informations sur «Tove».

(Une critique d'Irene Genhart, adaptée de l'allemand par Théo Metais)

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