Critique13. September 2019 Sven Papaux
Netflix: «Unbelievable» - L'incroyable série inspirée par un Pulitzer
Netflix adapte un article, récompensé par un Pulitzer, inspiré d’une sordide histoire de viol. Une jeune adolescente désavouée, avant que 2 détectives ne reprennent l’enquête en mains pour dénouer le vrai du faux. «Unbelievable» est à découvrir dès aujourd’hui sur la plateforme Netflix.
L’ouverture est directement glaciale. Atmosphère lourde, polluée par une affaire de viol. Une jeune fille enroulée dans une couverture, assise dans un coin, le regard vide. Il s’agit de Marie Adler (Kaitlyn Denver), une jeune fille victime d’une agression sexuelle, violée par un homme masqué. Mais alors que les autorités commencent à rassembler les indices, récoltant les différents témoignages et dépositions, Marie se rétracte: elle a menti sur toute la ligne. Affaire close? Pas exactement, puisque Karen Duvall (Merritt Wever) et Grace Rasmussen (Toni Collette) font le lien avec une autre affaire: celle de Amber (Danielle Macdonald), également violée par un homme masqué. Marie n’aurait pas tout inventé.
La première heure est particulièrement difficile à avaler. Susannah Grant (Erin Brockovich), la créatrice du show, et Lisa Cholodenko, à la réalisation, dépouillent l’histoire pour ne centrer que sur Marie et son visage blême, les yeux rougis. Sa blancheur contraste avec l’ambiance glaciale de l’hôpital, des salles d’interrogatoire de la police. Marie est salie. Marie est détruite au fond d’elle. Et ça, Cholodenko le capte avec une réelle précision, tout comme l’âpreté des interrogatoires toujours plus répétitifs, pour que la police comprenne les dessous du crime. Des bribes de souvenirs se greffent à la scène de viol. Marie s’embarque dans un champ sombre et aride, traversée par un flot incessant de questions qu’elle peine à contenir. Les émotions, son enfance compliquée agrémentée de passages d’une famille d’accueil à une autre, la gamine commence à perdre le fil: elle avance un mensonge, ou plutôt une fausse confession pour abréger ses souffrances psychologiques.
«Unbelievable» mise sur le côté humain, sur la fragilité d’une jeune fille qui elle-même ne sait plus vraiment où la vérité se trouve...
La série capture ce moment de détresse à merveille, profite de travailler les atours d’un sujet tel que celui-ci. Intimidation, enfance difficile, mensonge, autorité appuyée, «Unbelievable» s’enfonce dans les accusations mensongères, dans l’incompréhension. Pourquoi avoir menti? C’est à ça que la série répond, en se glissant dans la vie de Marie. «Unbelievable» mise sur le côté humain, sur la fragilité d’une jeune fille qui elle-même ne sait plus vraiment où la vérité se trouve, essorée par les nombreux entretiens menés par des détectives autoritaires. Prise pour une menteuse, désormais perçue comme une paria, Marie a succombé à ses émotions. Susannah Grant tend vers cette direction, en blâmant des autorités insensibles à la violence de l’acte.
«Unbelievable» n’aurait pas cette résonance sans la performance poignante de Kaitlyn Denver. Empêtrée dans cette procédure, son interprétation flirte avec les abîmes de la psyché, souillée par la violence de l’homme. Aussi, Grant réussit à ne pas sombrer dans le mélodrame, dans la même veine que la série «Dans leur regard» d’Ava DuVernay. Une série riche en émotions, excellemment incarnée par des femmes, par des actrices intenses, ravagées par le poids d’une vérité faussée.
En bref!
Netflix frappe encore juste avec «Unbelievable». Une série portée par un casting talentueux, par une écriture incisive - parfois lourde -, puissante, parfois empreinte de grâce, limpide dans ses choix et sa mise en scène. Le premier épisode va vous tirer les larmes, avant d’en faire couler d’autres…
4,5/5 ★
«Unbelievable» est à découvrir dès aujourd'hui sur Netflix.
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement