Présenté cette année au festival de Berlin, la légendaire Agnès Varda présentait «Varda par Agnès»; une rétrospective aux reflets autobiographiques, le conte de sa vie, de ses amours, de ses films, de ses rencontres et de ses élucubrations, aussi. Un voyage, comme un seule en scène, un peu TED, un peu keynote, moderne jusqu’au bout. Personne ne s’en était douté, mais Agnès nous disait au revoir. Son dernier documentaire sort mercredi prochain.
Dans «Varda par Agnès», la réalisatrice revient sur une vie de cinéma. De ses débuts, à «La Pointe Courte», jusqu’à son détour de France avec JR. A la rencontre du monde et de ceux et celles qui le composent, la légendaire Varda, au travers de conférences à Paris, Pékin et Los Angeles, propose ici une enclave féerique dans son univers.
Elle s’en était amusée en conférence de presse à Berlin: une vie de cinéma entamée un peu au hasard à Sète en 1955, «pas de succès au box-office» disait-elle, mais la reconnaissance de ses semblables. Le partage lui est cher. Ce même jour, plusieurs fois demandera-t-elle à la presse enjouée de reformuler ses longues et tendres questions, «trop fatiguée», confiait-elle, pour accorder des interviews. La salle n’en démord pas, lui parler est un privilège rare, comme chacun de ses films. Du haut de sa tour couleur navet, la grande dame de violet est assaillie. Pour nous avoir émerveillé, pour nous avoir ému, pour nous avoir aimé, nous avions tant à lui dire.
«Une artisane des images, une conteuse curieuse, fascinante et inspirée...»
«La création est un travail» entendra-t-on, Agnès Varda était une artisane des images, une conteuse curieuse, fascinante et inspirée, au regard tourné vers les autres, ses soleils. «Varda par Agnès» permettra de (re)découvrir cet univers de formes si singulier et cette humanité infinie; un jour avec Jane B. ou à Oakland marchand avec Black Panthers, l’autre à Noirmoutier, sur les routes de France ou à Nantes chez son Jacquot. On y croise aussi Sandrine Bonnaire qui revient pour nous parler de «Sans toit ni loi» et de son expérience sur le tournage de ce film décoré du Lion d’Or à Venise en 1985.
Capable de bécher du sublime auprès des glaneurs et glaneuses, sublime elle-même quand elle s’adresse aux enfants, à demi-mots, à son Demy, ou à Godard, Agnès vivait au pays des merveilles. La Nouvelle Vague voguera pour longtemps, c’est sûr. Disparue en mars dernier à l’âge de 90 ans, elle décrochait en 2018 un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière aux côtés de Donald Sutherland. D’aucuns l’appellent la dernière hippie du cinéma. Agnès Varda était une artiste du «faire» qui aimait raconter des histoires. «Varda par Agnès», sera sa dernière, la sienne, et quelle histoire!
En bref!
Une enclave dans l’univers d’une grande dame du cinéma contemporain raconté dans un seule en scène féerique. Ô qu'il fait bon vivre chez Agnès Varda.
4/5 ★
Plus d'informations sur «Varda par Agnès». Au cinéma le 18 septembre.
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement