Article6. Februar 2018 Theo Metais
Wallace & Gromit, Frank Zappa… Et si le claymotion n’avait jamais existé? (TOP5)
La sortie cette semaine de Early Man (Cro Man) du génial Nick Park (Wallace & Gromit) nous a donné envie de poser cette question: Qu’aurions-nous raté si la pâte à modeler et le cinéma ne s’étaient jamais rencontrés?
Remontons le temps, voici une rétrospective subjective de la pâte à modeler animée en stop motion (claymotion), en 5 madeleines musicales et cinéphiles !
Aux origines, il y a un professeur d’art du nom de William Harbutt qui eut un jour la brillante mais néanmoins pâteuse idée d’inventer la plasticine. Une matière souple et malléable qui, avant d’inspirer toute une iconographie de la poterie au cinéma, servait d’abord à ses étudiants en sculpture.
Trois ans plus tard, il dépose un brevet puis lance une industrie à l’est de Bath en Angleterre. Et alors que la matière commence à se commercialiser à grande échelle, la plasticine chatouille les productions cinématographiques. Encore rudimentaire, elle apparaîtra en 1908 pour la première fois dans The Sculptor’s Nightmare, de Wallace McCutcheon, et la pâte à modeler prendra un tournant historique en 1926 avec The Penwiper !
5 .The Penwiper (1926)
Joseph Sunn
Pionnier lointain du claymotion, Joseph Sunn, animateur sino-américain, réalise en 1926 une suite de deux courts-métrages intitulée “Ralph Wolfe’s Mud Stuff”. Parmi ces deux précieuses archives, The Penwiper met en scène les aventures d’un pingouin sur la banquise. 1926, une année charnière pour le dessin animé, les "Disney Brothers Cartoon Studio" deviennent "The Walt Disney Studio" et la pâte à modeler offre un imaginaire alternatif, plus immersif, et une ingéniosité novatrice en marge du dessin traditionnel. Fortement inspiré par une tradition burlesque venue du cinéma muet, lorsqu’un poisson se dérobe au bec d’un pingouin, on retrouve déjà l’humour propre à l’univers de la pâte à modeler.
4. Gumbasia (1955)
Art Clokey
Dans les années 50, la télévision se démocratise massivement. Dans un univers phagocyté par le dessin, la plasticine nouvelle offre des possibilités d’animation à moindre coût et des latitudes esthétiques avant-gardistes. En 1953, naît Gumby, un petit personnage vert, devenu une véritable icône culturelle aux Etat-Unis, et imaginé par Art Clockey dans une réécriture de Fantasia (Disney - 1940). Gumby s’octroie une chaire récurrente sur la NBC dès 1957. Ici la pâte à modeler se tend, se tord, s’étire et tournoie sur un free-jazz de film noir. Tribale presque, la plasticine a déjà bien évolué et Art Clokey pose les bases de ce qui deviendra plus tard le claymotion.
3. Closed Mondays. (1974)
Bob Gardiner & Will Vinton
Inspiré par le modernisme de Gaudí, Will Vinton étudie l’architecture, la physique et le cinéma. Dans les années 70, il rencontre Bob Gardiner, artiste polymorphe, d’inspiration Comix & Robert Crump et inventeur de la technique de “sculptimation” autrement appelée par Will Vinton: “claymotion”. 1974, nous y voilà ! Le fruit de leur travail n’est autre que le premier court-métrage en claymotion distingué par un Oscar en 1975. Un homme aviné pénètre dans la salle close d’un musée et les deux animateurs composent sur le capitalisme technologique, la détresse sociale, l’art et la poésie.
2. Creature Comforts (1989)
Nick Park
Jusqu’en 1985 les studios Aardman Animations travaillent doucement, dans l’ombre d’une industrie absorbée par les studios américains. Les deux trublions fondateurs, Peter Lord et David Sproxton, font pourtant preuve d’une vitalité créative et réalisent en 1977 Morph pour la chaîne BBC, mais l’arrivée de Nick Park dans le bassin Aardman marquera un tournant historique. Nick Park, père fondateur et animateur émérite de Wallace & Gromit et du récent Cro Man (Early Man), sera oscarisé pour la première fois en 1991 pour sa série Creature Comforts. Sous forme de documentaire parodique, des animaux de ZOO se confient sur les conditions de leur enfermement. Drôle, corrosif et sauvage, Nick Park humanise des créatures animalières et met en place son dispositif cinématographique:
1. The Amazing Mr. Bickford (1987)
Bruce Bickford & Frank Zappa
Enfin, Frank Zappa, dandy expérimental, alchimiste psychédélique et symphoniste visionnaire, il est sans doute l’un des artistes les plus prolifiques du 20ème siècle. A partir de 1974, il collabore avec l’animateur Bruce Bickford. Il y aura le concert d’Halloween mêlé aux animations de Bickford dans Baby Snakes (1977) ou The Dub Room Special (1982) mais surtout The Amazing Mr. Bickford en 1987. La musique de Zappa embaume merveilleusement l’univers en pâte onirique et apocalyptique de Bickford. Publiée en VHS mais jamais remasterisée en DVD, c’est une pièce rare, ici dans sa version complète:
Et vous, quels sont vos meilleurs souvenirs en claymotion?
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