Critique30. Januar 2018 Theo Metais
«Wonder Wheel» - Candide, un brin passéiste, mais théâtral et poétique!
Après Irrational Man et Café Society, Woody Allen revient en 2018 avec les gammes d’un cinéma qui lui est cher. Une famille au bord de la crise de nerf, un triptyque amoureux, du jazz et la photogénie pittoresque et berlingot du Luna Park des années 50. En salles dès le 31 janvier.
En deux mots
Après un mariage chez les punks et des années de silence, Wonder Wheel nous conte l’histoire de retrouvailles familiales tumultueuses et d’une collocation amoureuse explosive.
La critique
Laboratoires de rêveries institutionnalisées et faussement exotiques, les parcs de loisirs offrent une esthétique propice au mélodrame. Quelque part entre la détresse sociale de Freaks et la chocolaterie féérique de Willy Wonka, le Luna Park de Coney Island, et sa grande roue mettent en perspective la métaphore d’une dramaturgie perpétuelle. Wonder Wheel est une ritournelle amoureuse portée par la splendide caméra de l’italien oscarisé Vittorio Storaro (à qui l’on doit notamment Apocalypse Now). Jouant avec les couleurs, la photographie conte une histoire subliminale et poétique, notamment dans un plan serré où l’iris de Kate Winslet, et ses alvéoles lumineuses, résume à lui seul la fatalité de l’intrigue. Le tapis sonore oscille entre le quatuor vocal des Mills Brothers et le tango de Georgia Gibbs, donnant au film une musicalité très cinématographique. Wonder Wheel laissera néanmoins le sentiment d’une réussite en demi-teinte.
«Kate Winslet, June Temple et Jim Belushi, excellent avec tendresse ...»
Pourtant théâtral, Woody Allen n’est pas un magicien du spectacle et livre ici une nouvelle piécette tendrement kitsch et désuette. Le film respire la mélancolie du dramaturge bourgeois vieillissant. A 82 ans, il cajole le passé, ouvre les persiennes du coeur et questionne en technicolor les ombres de son existence. Fidèle à la narration théâtrale, les passions se déploient essentiellement dans le salon boisé de la bicoque, offrant au passage, quelques jolis mouvements de caméra. Kate Winslet, June Temple et Jim Belushi, excellent avec tendresse et l’aura du trio sauvera les lacunes du personnage de Justin Timberlake. Maladroitement caustique, trop lisse, mal taillé, mal écrit ou simplement mal interprété? La question reste ouverte... Car perché sur son piédestal de plage, face caméra, lorsqu’il philosophe pauvrement sur ses angoisses amoureuses, on s’ennuiera d’une surexploitation du 4ème mur théâtral. Drôle dans Annie Hall ou ingénieux dans La Rose Pourpre du Caire, ce procédé leste de confidences superficielles une intrigue déjà bien mielleuse.
Tout est affaire de décor et c’est sans doute ce qui sauvera Wonder Wheel qui, jusque dans une réplique finale, restera finalement un bel objet de cinéma.
Note de la rédaction -> 3/5 ★
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