Amanda France 2018 – 107min.
Critique du film
Don’t be cruel
Après Ce Sentiment de l’Été, Mikhael Hers s’intéresse encore une fois au deuil, à la manière qu’ont les humains de combler le vide, l’absence et comment ils essayent de ré-enchanter leur vie dans un monde brutal. Brutal, le monde l’est particulièrement dans Amanda, puisque, sans en dire trop, il a été particulièrement cruel avec David lorsqu’il a mutilé ses proches et arraché la vie à de nombreuses personnes d’un coup, dont sa soeur Sandrine. Complètement brisé, il doit désormais s’occuper de sa nièce âgée de 7 ans, Amanda.
Amanda fait partie de ces films à la facture terriblement classique, dans ce que le terme a de négatif et (surtout) de positif, c’est à dire que la mise en scène, loin d’être absente, se veut tout de même la plus discrète possible, quitte à être même un peu fonctionnelle parfois, pour se mettre toute entière au service de son récit et de ses personnages, heureusement ici très réussis. Tout ceci n’est évidemment pas un problème en soi, cependant, couplé à une construction scénaristique elle-même très classique, Amanda prend le risque d’épuiser ses ressorts dramatiques, et c’est malheureusement ce qui lui arrive : sans aller jusqu’à parler d’un dernier tiers convenu, la plupart des scènes de la dernière demi-heure sont attendues au tournant et ont du mal à retrouver le charme touchant qui a porté le film jusque là.
C’est un petit peu dommage, car du charme le film en a des kilotonnes à revendre, par la justesse de son ton, déjà, mais notamment grâce à son casting et à sa direction, tout bonnement géniaux. Stacy Martin, Jonathan Cohen, Olivia Kolb, tous incarnent à merveille une galerie de personnages attachants et vibrants, tandis que la jeune Isaure Multrier montre déjà une grande justesse de jeu et étonne par son constant et original exercice d’équilibriste, à mi-chemin entre l’innocence de l’enfance et la pleine conscience des « adultes ».
Mais surtout, Amanda doit tout à Vincent Lacoste. On savait l’acteur talentueux dès ses débuts pétaradants dans l’hilarant Les Beaux Gosses, on le savait également intelligent et nuancé dans son jeu grâce aux rôles qu’il a choisi par la suite, mais il trouve ici LE rôle qui lui permet de déployer toute sa lumineuse aura. C’est bien simple, il n’est pas un photogramme du film qu’il n’inonde de sa présence chaleureuse, il est partout à la fois et pourtant il est d’un magnétisme tel qu’on ne se sent jamais assez proche de lui. Sa prestation criante de naturel et vraiment proche du hors-norme transcende Amanda, qui, grâce à ce vecteur miraculeux, parvient à devenir un objet émotionnel complexe, un mariage harmonieux entre toutes les nuances de la joie et de la tristesse.
En bref !
Amanda avait le potentiel pour vraiment briller, mais il se rabat trop sur des chemins balisés pour être plus qu’un bon film. Mais faire un bon film n’a déjà rien d’une mince affaire, et rien que pour Vincent Lacoste, il serait bête de se gâcher le plaisir.
Votre note
Commentaires
La plus belle victoire
David, 24 ans, est à la fois élagueur et sous-loue des appartements pour des personnes de passage. Si sa relation avec ses parents est plutôt compliquée, celle avec sa sœur Sandrine et sa nièce Amanda, fille de cette dernière est fusionnelle. Lorsqu’un attentat bouleverse le destin de cette alliance, David ne peut se tourner que vers Léna. Et Amanda va prendre une place prépondérante dans son existence.
Comment ne pas avoir la fibre paternelle et de retrouver du jour au lendemain a devoir prendre en charge une enfant de 7 ans? C’est tout le casse-tête auquel est soumis ce jeune homme.
Le traitement sur la première demi-heure est quelque peu maladroit, du moins le pense-t-on : l’attentat à proprement parler n’est que suggéré, David semblant collectionner les conquêtes semble inapproprié au poste de tuteur de sa nièce.
Et pourtant au fil du film, sa relation avec Amanda est sujette à une attitude crescendo et le père en David prend gentiment place. Qu’en est-il de l’homme? De sa liberté à prendre? De sa revendication?
La réponse n’est pas vraiment apportée mais un autre point prend le dessus lors d’une ultime joute sportive, rendez-vous manqué bien malgré elle par Sandrine et qui, finalement, aux yeux d’Amanda, constitue une bien belle thérapie, avec une jolie victoire à la clé.
Se laisse donc tout à fait voir...… Voir plus
« Fin de l’été »
David, 23 ans, cumule les petits boulots pour vivre simplement et heureux à Paris. Mais quand sa sœur aînée est tuée dans un attentat, il se retrouve seul avec Amanda, sa nièce orpheline de 7 ans.
La Ville Lumière scintille sous un soleil estival. La vie de quartier paraît si douce et si légère. On se déplace à vélo, traverse une Seine tranquille, s’attarde dans les parcs. Un reflet de l’existence insouciante de David, adulescent souvent en retard. Mais quand la mort l’arrache à sa nonchalance, il doit grandir vite. Une fillette a besoin de lui.
Le drame est filmé avec délicatesse, préférant se concentrer sur les victimes collatérales du terrorisme, plutôt que d’élaborer un discours direct et politisé. Un parti pris tout à fait recevable et sensé pour évoquer le deuil. Le ton évite le mélo, favorisant une mélancolie ambiante presque lénifiante. Dans le rôle de l’oncle tuteur, Vincent Lacoste a muri. Au côté d’Amanda, il prend les allures d’une figure paternelle, protectrice et volontaire. Mais face à sa mère, qu’il retrouve après des années d’abandon, il redevient un timide petit garçon.
6.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
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