Papillon Malte, Serbie, Etats-Unis 2017 – 133min.
Critique du film
La grande évasion !
Dans le Paris des années 30, Henri Charrière est un fantassin de la magouille, une sorte de malfrat d’un genre Cartouche des casinos croisé au Casanova de Pigalle. Lorsqu’il est condamné à perpétuité pour un meurtre qu’il n’a pas commis, le dénommé Papillon (Charlie Hunnam) est envoyé sur l'île du Diable en Guyane. En chemin il fera la rencontre de Louis Dega (Rami Malek), un faussaire pincé pour blanchiment d’argent. Dès lors une affaire unit les deux bagnards, Charrière offre sa protection, en échange Dega finance les plans d’évasion…
Si la véracité des faits rapportés par l’ancien bagnard fait encore aujourd’hui polémique, la biographie romancée d’Henri Charrière (dit Papillon) deviendra néanmoins un classique du cinéma hollywoodien. En 1973 et sous la direction de Franklin J. Schaffner, le film réunissait Steve McQueen et Dustin Hoffman; cette-fois Charlie Hunnam et Rami Malek campent les rôles principaux dans ce pari risqué signé du réalisateur danois Michael Noer.
De Hollywood au musicien Sanseverino, en passant par le journalisme d’investigation; si la biographie du bagnard est un leurre, Charrière est un acrobate du mentir-vrai et son évasion ne cesse d’inspirer. Nouvelle adaptation, le réalisateur Michael Noer s’attardera moins à déchiffrer les mystères autour du roman (presque aussi rocambolesques que le récit), qu’à livrer une fresque dans la grande tradition de ses prédécesseurs (La Grande Évasion, Papillon ...). Aussi sympathique soit-il, depuis The Lost City of Z, jusqu’au récent King Arthur, Charlie Hunnam, témoigne d’une palette de jeu assez pauvre mais déborde d’une énergie contagieuse. Il fallait être suffisamment impertinent (ou inconscient) pour s’y coller et loin d'entacher la légende McQueen, la prestation se révèle efficace.
Aux antipodes de son Key House Mirror (2015), le danois se frotte au genre périlleux de l’évasion et livre un long-métrage des plus honorables. Toutefois sa variation est à ce point cousine de l'originale qu’elle nous laissera songeurs. Depuis près de 50 ans l’affaire Henri Charrière a connu bien des rebondissements et le scénario semble dépouillé d’une ambition plus radicale. Si Papillon version 2018 manque cruellement de personnalité, la prestation de l’excellent Rami Malek (Mr. Robot, Bohemian Rhapsody) sauvera le film de ses défauts d’authenticité. Le film profite d’une élégante sensibilité dans l’écriture de son duo d'acteurs et d’une photographie léchée (les vues de l'Île du Diable). La réalisation inégale oscille entre des scènes assez plates (le Paris en introduction, l’échappée en bateau) et des instants plus subtiles (l’enfermement et la scène finale). Jamais percutant, presque timide et un brin conformiste, il restera pourtant un peu des vertiges d’un bagnard au mitard.
En Bref! Que diable allaient-ils faire dans cette galère ? Nous l’aurions aimé plus innovante, mais l’épopée en Guyane française progressera doucement dans l’ombre de ses pères. Cruellement lisse et parfaitement attendu sur le terrain glissant du film d’évasion, il se dégage de Papillon une sympathie inoffensive, portée certainement par un formidable Rami Malek et un Charlie Hunnam qui s’obstine avec pugnacité.
Votre note
Commentaires
Et bien pour tous ceux qui ne connaissent pas la première version avec Steve Mc Queen et Dustin Hofmann, cette adaptation du livre d'Henri Charrière, est simplement bien, sans plus. Toujours est-il que si celui d'il y a 45 ans m'a laissé des souvenirs, cette mouture n'en fera pas autant. D'ailleurs que peut-il rester d'une histoire originale lorsque l'on fait une adaptation du livre, puis une adaptation du film de 1973 (c'est précisé dans le générique de fin) ? (G-22.08.18).… Voir plus
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