Adoration Belgique, France 2019 – 98min.

Critique du film

La pureté de l’amour

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Avant-dernière œuvre à être présentée sur la Piazza Grande, Adoration se glisse au milieu d’une romance adolescente, profonde et dangereuse. Un road-movie où l’amour l’emporte sur la raison.

Gloria (Fantine Harduin) et Paul (Thomas Gioria) sont deux ados de 14 ans. Paul est le fils d’une infirmière exerçant son métier dans une clinique. Dans cette même clinique, Gloria est une patiente, soignée pour des soucis psychiatriques. Le gamin solitaire tombe fou amoureux de la belle dérangée. Une idylle démarre au milieu des forêts, au milieu de nulle part, loin de la foule, loin des adultes.

Un échange de regard ; un instant figé. Adoration, en définition, est un culte rendu à un dieu. L’amour y est célébré, Cupidon et Éros en porte-étendards. Paul et Gloria, ses amoureux incompris, lancés à travers un monde dangereux, presque sans défense, armés de leur courage. Fabrice Du Welz (Message from the King) articule une histoire frôlant l’onirisme, l’empoignant même, avant de se confronter à la froide réalité de notre monde. La force du récit réside dans cette aventure où l’amour oblige Paul à braver les éléments, la nature. Enfin débarrassée des adultes, ces empêcheurs de tourner en rond, ces pervers et menteurs, d’après Gloria. Une jeune fille dérangée, persuadée d’être persécutée. La pauvre sombre dans des délires paranoïaques la poussant à commettre l’irréparable. Paul est pris en tenaille: entre un amour fou et un semblant de raison.

Porté par son intéressant tandem Harduin/Gioria, Adoration se définit comme un récit en montagnes russes, avec ses hauts et ses bas. Des fulgurances en forme de mirages terrés dans l’imaginaire de Paul, et de l’autre des soucis avec cette caméra instable, tremblante, cherchant à capter le regard, les mouvements du corps. Les premiers plans sont indigestes. Un parti pris qui s’avère compliqué à digérer, qui heureusement devient moins insistant après les premières minutes. Car l’âpreté de l’amour, l’innocence et la pureté des sentiments se mélangent pour mener deux gosses dans une épopée où le réel commence à devenir un lointain souvenir.

Les derniers liens avec le monde, le vrai, n'apparaissent que par un couple vivant sur un bateau, mais surtout par un Benoît Poelvoorde diablement touchant. Et même si l’acteur belge n'apparaît que quelques minutes, son apport est énorme. Par ses phrases, par son intensité de jeu, la trame dramatique prend en ampleur alors que le film perdait de son mordant. Du Welz, dans son costume le plus sauvage, se lance à corps perdu dans une romance avec un pas dans l’enfance et un autre dans l’adolescence. L’amour vous pousse à la déraison, Du Welz réussit à en extraire quelque chose de parfois lumineux.

En bref !

Les tunnels comme lien avec une forêt enchantée, s’étendant à l’infini. Adoration renferme un rêve croisé au cauchemar, là où deux gamins de 14 ans écrivent leurs propres lignes et forgent un amour fou. Adoration est ce recueil, avec ses tressaillements et sa léthargie. Un condensé cinématographique parfois inconstant, parfois étincelant, comme l’est une idylle.

19.08.2019

3.5

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Le Robot Sauvage