Gogo France 2019 – 87min.

Critique du film

94 ans et toujours ce désir d’apprendre

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Une nonagénaire reprend le chemin de l’école, devenant l’écolière la plus vieille du monde. Pascal Plisson, après Sur le chemin de l’école et Le grand jour, suit une Kényane au tempérament de feu.

Priscilah Sitienei dite Gogo, 94 ans au compteur, était une sage-femme respectée. Elle est mère de 3 enfants, grand-mère de 22 petits-enfants et plus de 50 fois arrière-grand-mère. Et après une vie bien remplie, Gogo convainc le directeur de lui laisser reprendre sa scolarité pour décrocher son diplôme de fin d’étude. Voici la plus vieille écolière du monde.

Pascal Plisson braque sa caméra sur cette femme, l’allure cambrée, le visage marqué par le poids des années, la démarche quelque peu douloureuse. Cette femme aux 94 printemps impose le respect dans son Kenya natal. Elle en impose encore plus quand elle enfile son uniforme vert et flashy pour retrouver les bancs d’école. La vue qui baisse et la patience entamée, Gogo veut à tout prix montrer l’exemple, se montrer digne et prouver aux jeunes filles du pays qu’il faut mener à bien ses études pour ne pas passer à côté de cette richesse qu’est le savoir. Parangon de persévérance et de déterminisme, elle prie Dieu pour qu’elle puisse terminer ses études avant de passer l’arme à gauche.

Une belle leçon qui aurait pu être diablement touchante. Or elle ne devient qu’un pâle documentaire sans âme et formaté, dénaturé par un doublage particulièrement difficile à encaisser pour les oreilles. Sa touchante amitié avec Dinah, une dame âgée que Gogo encourage à reprendre son cursus scolaire (comme elle), ou ces discussions - presque irréelles de bonté - avec les ouvriers du chantier du nouvel internat pour jeunes filles défavorisées, ne sont malheureusement que des gestes (maladroits) d’empathie.

Plisson appuie son propos et filme une femme qui force le respect, qui persévère en distribuant la belle parole - avancer, apprendre, s’enrichir intellectuellement - sans déployer une vision cinématographique. L’envie de suivre son sujet, de lui rendre hommage est là, mais le cinéaste aurait dû imposer sa patte, magnifier ce courage qui force le respect. Au lieu de prendre une claque d’humanisme, c’est l’ennui qui l’emporte dans une partition aux multiples répétitions, à l’âme décharnée et fatiguée. Ce formatage ne fait qu’empêtrer ce portrait dans un film qui ne dure que 1 h 23, mais en parait 40 minutes de plus.

16.09.2021

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