Mjölk: la guerre du lait Islande 2019 – 90min.
Critique du film
La révolte d’une agricultrice
Quatre ans après Béliers, qui avait remporté le prix Un certain Regard au Festival de Cannes en 2015, Mjólk : la guerre du lait est le nouveau film du cinéaste islandais Grímur Hákonarson. Le long-métrage nous emmène dans les contrées islandaises à la rencontre d’Inga, une agricultrice qui, à la mort de son mari, va se révolter contre le monopole de la coopérative qui régit la région.
Inga et son mari sont à la tête d’une exploitation laitière dans un petit village islandais. Comme les autres agriculteurs des environs, ils subissent la loi de la coopérative qui détient le monopole sur la production locale. Mais quand son mari meurt, Inga n’a pas d’autre choix que de gérer seule l’entreprise familiale. Révoltée par les actions abusives de la coopérative, elle décide de mener une rébellion pour lutter contre ces injustices, au risque de se créer de nouveaux ennemis.
Évoluant dans un monde essentiellement masculin, Inga ne correspond pas à l’archétype de la révolutionnaire. Comme les autres membres de sa communauté, sa vie tourne autour de sa ferme, contrôlée en amont par cette coopérative puissante dont les menaces en cas de désaccord sont bien réelles. Même après le décès du mari d’Inga, la coopérative veille au grain et c’est avec une grande subtilité qu’on la voit s’immiscer dans la vie de l’agricultrice pour lui apporter une aide synonyme de contrôle renforcé afin de s’assurer qu’elle continuera à prendre les mêmes décisions que son époux.
Mais n’ayant plus rien à perdre, Inga choisit de prendre son destin en main et de confronter la coopérative: pacifiquement, dans un premier temps, en tentant de dialoguer avec les personnes haut-placées, puis d’une manière plus violente, en faisant notamment appel aux médias. Chacune de ses actions révolutionnaires est alors appuyée par une musique plus forte renforçant le poids de sa signification. Certains gestes font sourire, d’autres ont au moins le mérite de rallier des membres de la communauté à sa cause.
Malgré tout, le scénario résolument féministe et la ferveur du personnage d’Inga, interprétée impeccablement par Arndís Hrönn Egilsdóttir, ne suffisent pas toujours à combler le manque d’émotion et de chaleur du long-métrage, qui souffre en plus d’une narration sans grande surprise. Cela se ressent notamment dans le classicisme de la réalisation et dans la photographie aux tons gris qui font écho à la monotonie de la région, pourtant dotée de sublimes paysages. Davantage de souffle et d’ambition visuelle auraient sans doute permis au film de renforcer la puissance de son propos. En bref!
Portrait d’une femme courageuse et persévérante, Mjólk : la guerre du lait peut compter sur l’interprétation sans faille de son actrice principale et sur sa thématique féministe abordée dans un contexte essentiellement masculin. Dommage toutefois que toute la ferveur du personnage ne se retrouve pas toujours dans le long-métrage qui peine parfois à relayer ses émotions.
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Commentaires
Milk mafia blues
Inga et son mari Reynir tiennent une exploitation productrice de lait au nord de l’Islande. Comme tous les paysans du comté, ils sont liés, souvent malgré eux, à la coopérative qui impose une sorte de blocus face à la concurrence du sud. Lorsque Reynir meurt à la suite d’un accident de voiture et que Inga en découvre le motif lié à cette coopérative, elle est clairement décidée à leur faire porter le chapeau. Quitte à risquer de sérieuses représailles.
Le voici donc ce nouvel opus du Père Belier, aka Grimur Hákonarson. Après la virtuosité de la solidarité fratricide malgré elle, une autre solidarité est ici de mise. Avec une certaine réussite mais sans être parfaite.
Les 10 premières minutes, plutôt lentes, posent pas mal d’interrogations cinématographiques : assisterait-on à une certaine monotonie en direct, telle que la vie de notre couple semble être le cas? Puis, en découvrant certains événements troublants et assistant, sans le voir, à la conséquence d’une telle emprise, on en sourit presque en pensant que ce combat de David paysan face à Goliath administrateur est d’avance condamné.
Qu’en sera-t-il pour de vrai? La réponse finale amenée n’a guère d’effets surprise, et c’est le principal souci du film: magnifiquement interprété et surtout filmé, avec un second tiers quasi satirique illustré notamment par une jubilatoire traversée tout sauf écologique à faire pâlir Greta Thunberg. Du coup, même si l’instant n’est pas déplaisant, on aurait souhaité une issue plus originale.
Se laisse néanmoins voir...… Voir plus
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