I Am Greta Suède 2020 – 102min.

Critique du film

Et les choses bougent enfin?

Camille Vignes
Critique du film: Camille Vignes

Le réalisateur Nathan Grossman a suivi la jeune activiste Greta Thunberg dans sa lutte pour sensibiliser le monde au dérèglement climatique global. Dans son combat de tous les instants pour faire changer les politiques. Passé à Venise puis au Festival international du film de Toronto, alors que le monde est encore sous les coups de la COVID-19, I am Greta est plus que jamais actuel. Nécessaire.

«Si vous ne vous souciez pas de mon avenir sur terre, pourquoi devrais-je me soucier de mon avenir à l’école ?» Le message est simple. Limpide même. Accusateur aussi. Que restera-t-il du monde si personne ne fait rien? À quoi bon s'inquiéter de son avenir scolaire si l'existence même d'un avenir n'est plus certaine? Oui, le message de Greta Thunberg est simple, et pourtant si difficile à entendre. Depuis sa grève scolaire pour le climat lancée en 2018, la jeune activiste n’a eu de cesse que de voyager pour tenter d’informer, de sensibiliser et de convaincre les parlements, présidents, populations qu’un changement global était la seule solution. Et depuis 2018, à mesure que ce mouvement qu’elle a lancé grandissait, qu’il s’enracinait aux quatre coins du monde, la jeune femme s’est heurtée toujours plus à l’hypocrisie et au clientélisme gerbatoire de nos politiques.

Derrière le dispositif intime de Nathan Grossman, sa caméra à l’épaule, ses plans serrés, la voix de Greta Thunberg posée par moment comme celle d’une narratrice, se dévoile le combat intense et absolu de la jeune femme. Diabolisée par certains, encensée par d’autres, c’est son charisme indéniable et son implacable volonté à faire changer les choses qui se montrent sans artifice. Mais plus encore, ce qui ressort de ce documentaire, c’est la peur des politiques de se voir destitués de leur trône sale et pollué.

L'intensité de Greta, la pureté de son combat, et la dévotion de son être tout entier rappelle toujours plus aux «grands» de ce monde qu'elle est en totale contradiction avec eux. Qu’elle est le symbole de tout ce qu'ils ne sont pas, eux, représentant de cette belle famille politique internationale. Elle est la jeunesse. Elle est femme. Elle est différente. Elle est le souffle glacial qui rappelle aux doigts qu'ils ne portent pas de gants Et ce n’est pas un hasard si le monde s’est embrasé derrière elle. Réussir à faire naître et porter un mouvement avec tant de fraîcheur, ne peut que terrifier ceux qui, déjà, vacillent là-haut.

Quoi voir d'autre sinon que de la peur d'être renversé quand, par exemple, à des paroles argumentées et réfléchies d’adolescente, l’un des présidents les plus influents du monde (Donald Trump) ne trouve qu'à attaquer «l'énervement» de l’activiste? Ce qui se trame derrière Greta Thunberg, c'est le changement d'un monde trop vieux dirigé par les fantômes du siècle dernier. Et ça, c'est terrifiant pour ceux qui se retrouvent sur un siège éjectable. Le temps de la mesure molle est passé. Apparemment, parler devant les parlements européens, rencontrer différents présidents, mener des foules de jeunes ou être élue par le Times personnalité de l'année ne suffisent pas. Ca, Greta Thunberg l’a bien compris et elle ne cessera pas de le clamer haut et fort jusqu'à ce que le monde se réveille.

18.10.2020

4.5

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