Doctor Strange in the Multiverse of Madness Etats-Unis 2021 – 126min.
Critique du film
Bizarre, vous avez dit bizarre ?
L’épouvante d’une mère se mêle au chagrin d’un héros. Wanda Maximoff est maintenant en proie au monde de la magie noire et le cinéaste Sam Raimi signe une réalisation cinglante, loin des standards de l’écurie Marvel.
La rumeur allait bon train et Doctor Strange in the Multiverse of Madness est bel et bien un film d’horreur. Réalisateur des Spider-Man des années 2000, de Darkman et de la saga de zombies entamée par Evil Dead, le cinéaste met ses envies de sorcelleries au service de l’univers Marvel. Un train fantôme d’un genre assez nouveau pour l’univers des personnages de Steve Ditko et Stan Lee à l’écran. L’occulte se mêle au gore et au baroque, le cinéaste signe un épisode dans lequel Wanda Maximoff devient une redoutable sorcière.
Rappelons que Wanda était déjà l’architecte d’une idylle télévisuelle pour partager un bonheur auprès de son cher Vision (Paul Bettany) dans la série sur Disney+. Et voilà qu’elle devrait se résoudre à ne plus jamais voir ses enfants. Avec ses chandeliers enluminés, ses fondus enchainés et le trémolo ensorcelé des guitares du compositeur Danny Elfman, The Multiverse of Madness accroche un wagon « burtonnien », emprunte à l’esthétique de Buffy des années 90 et nous parle finalement du pouvoir des rêves, du deuil et de la condition humaine.
Le drame des Maximoff se mêle à Stephen Strange incarné par un Benedict Cumberbatch, toujours aussi bien rasé, rocambolesque et qui, après sa bouleversante interprétation dans The Power Of The Dog, cumule les chagrins d’amour. Ainsi Wanda entame les festivités au mariage de Christine (Rachel McAdams) auquel Strange est d’ailleurs convié. Vêtue d’un blanc immaculé, son ancienne partenaire de labo lui demande s’il est heureux, la réponse est préfabriquée, gâchée par un gigantesque Octopus qui fait rage en plein New York. Bientôt, Strange, Wong (Benedict Wong) et America Chavez se rencontrent, quelques mots échangés à propos de Spider-Man et un plan se met en place pour arrêter les projets dantesques d’une Wanda aliénée et qui répond à présent au nom de Scarlet Witch.
Celle qui avait autrefois combattue du côté du bien est aujourdhui devenue une antagoniste envoûtante, charismatique et à l’aura diabolique. L’excellente Elizabeth Olsen prend son personnage à corps et à cœur et rend magnifiquement la complexité de son histoire aux côtés d’un Benedict Cumberbatch qui s’en donne à cœur joie dans le multivers, à la croisée des mondes et des différentes versions de son existence. Seul le personnage d’America Chavez manquera d’avoir été plus étudié, mais profite d'un joli chapitre d’introduction. De l’autre côté du miroir et sous la coupe de Sam Raimi, Doctor Strange in the Multiverse of Madness offre une réalisation horrifique, pantagruélique. Après le No Way Home, un peu adolescent, le cinéaste vient de réinjecter une énergie singulière dans la franchise. Une fable d’horreur au cœur de la psyché.
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Commentaires
“Un poison nommé Wanda”
Stephen Strange arrache une jeune fille aux tentacules menaçants d’un monstre apparu en plein New York. Il découvre que l’adolescente a le pouvoir de traverser le Multivers. Pour la protéger, le magicien demande l’aide de la puissante Wanda, ignorant qu’elle est à l’origine de l’attaque.
Il n’y a pas si longtemps pourtant, le Docteur et la Sorcière rouge combattaient du même côté contre le féroce Thanos. Sans avoir vu la série Disney consacrée aux visions de Madame Maximoff, ce n’est pas la fête à la maison, manquant l’explication d’un tel retournement. Passons et admettons que les amis d’hier sont aujourd’hui ennemis. Wanda est une mère en peine à la recherche de ses enfants qui n’existent pas ou plus dans sa propre réalité. Pour tenter de les retrouver dans un ailleurs, il lui faut accaparer les dons de la demoiselle en détresse qui a de son côté, oh belle ironie, fait disparaître malgré elle ses deux mamans. Le trop sérieux Strange doit donc sauver l’America Chavez, cette nouvelle héroïne bien fade, ne brillant que par sa dénomination antinomique. Bref, cette pièce de puzzle ne pourra ravir que les fanatiques bac MCU +27, avides des nouveaux éléments explicatifs semés avec parcimonie par l’empire Marvel.
Les autres devront se contenter de la présence aux manettes de l’atypique Sam Raimi. Le réalisateur d’Evil Dead, père aussi de trois Spider-Men, parvient à exprimer un tant soit peu son goût pour l’horrifique et le gore dans un univers plus moulant qu’une combinaison de super-héros. Enucléation d’un poulpe géant, sortilèges maléfiques, démons noirs et cadavre sorti de terre portent sa signature. Et l’on aurait aimé qu’il puisse véritablement emmener ce chapitre formaté supplémentaire vers le terrifiant, voire jusqu’en enfer. Il faudra se contenter d’une valse macabre où morts et vivants se mélangent et retenir cette lutte fratricide à coups de portées et de partitions. Sur les notes de Dany Elfman, la symphonie devient fantastique, juste le temps d’une séquence.
(5.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 2 ans
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