La Vie pour de vrai Belgique, France 2022 – 110min.
Critique du film
L’usage du monde pour vacancier éternel
15 ans après le premier Bienvenue chez les Ch'tis, Dany Boon retrouve Kad Merad pour une comédie légère dans le rôle d’un éternel vacancier venu à Paris retrouver son amour d’enfance. Mais la quête de Tridan, 50 ans, né dans un Club Med dont il n’était jamais sorti, va s’avérer ardue.
Jamais sorti du Club Med où il est né, Tridan (Dany Boon), 50 ans, part à Paris retrouver son amour d’enfance (Charlotte Gainsbourg). Parachuté dans un milieu urbain qui lui est étranger, le candide G.O. va de découverte en déconvenue, déterminé à aller au bout de sa quête romantique.
Passer sa vie en vacances : le rêve ? Pour Tridan Lagache, c’est une réalité qui se déchire chaque semaine : né de parents animateurs dans un Club Med au Mexique, il n’en est jamais sorti. Pire : tous les weekends, quand les cars ramènent les vacanciers chez eux, il doit dire adieu à ses nouveaux amis. L’idée du film est née au cours de vacances en famille, lors d’une conversation entre l’acteur-réalisateur du film et un G.O. d’origine française à l’histoire similaire.
Un personnage débarque dans un milieu dont il ne connaît rien : fréquemment exploité, ce ressort comique fournit sans surprise son lot de situations cocasses. Si l’histoire rappelle celles des deux Ch’tis, l’idée n’a rien de nouveau. Dany Boon cite «Bienvenue Mister Chance», film de Hal Ashby dans lequel un doux jardinier simple et candide devient la coqueluche de la haute société à la faveur d’un enchaînement de malentendus.
De sympathiques à agaçants, les gags à répétition de Tridan finissent par lasser. Passant pour un lunatique lorsqu’il salue chaque personne dans la rue, oubliant systématiquement de payer ses consommations, tout habitué qu’il est aux buffets à volonté, son adaptation forcée au mode de vie d’« homo citadinus » s’essouffle vite. La quête de son amour d’enfance (Charlotte Gainsbourg) ne suffit pas à consolider un scénario qui s’étiole dans un rendu lisse débordant de bons sentiments.
S’il fallait trouver au film une qualité, ce serait celle de nous tendre un miroir face à la vacuité de nos existences de citadins stressés. Partageant l’appartement avec un demi-frère (Kad Merad) dont il ignorait auparavant l’existence, le maladroit Tridan va l’aider à mettre en perspective ses problèmes familiaux et financiers. Mais à une époque où les relations se font et se défont d’un « swipe » sur une app de rencontre, le dénouement trop facilement heureux laisse flotter un sentiment d’inachevé.
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