“Notre histoire”

Sur une plage bretonne en 1947, François rattrape Daniel, le petit garçon de Madeleine qui s’élançait vers les vagues. Une attirance réciproque naît sans tarder entre les jeunes gens qui, malgré leurs secrets respectifs, seront liés à jamais par un fil fantôme.

Comme l’évoque son titre, il faut accepter le romanesque pour apprécier l’étendue de ce film, marqué par l’histoire, l’amour et la tragédie. Des images d’archives grisent l’écran. Femmes tondues, humiliées, violentées au sortir de la guerre, car elles ont fauté avec l’ennemi. Madeleine, enceinte, appartient à celles-ci. Le ventre souillé par une croix gammée, c’est une tâche indélébile qui imprégnera l’enfant à naître, l’empêchant de l’adorer comme il convient. « Je t’interdis de gâcher mon bonheur » lui criera-t-elle le jour de son mariage avec François, homme doux à la jambe rongée par la polio et au cœur troublé par des désirs enfouis. L’affiche les dévoile bêtement. Une femme, deux hommes, trois possibilités. Le rapprochement s’opère entre ces êtres méprisés pour leur sexualité ou couleur de peau.

Inspirée par le vécu de sa grand-mère, Katell Quillévéré maintient néanmoins son cap parvenant à fluidifier le temps qui passe au moyen d’ellipses bien senties. Débarquant en voiture à Châteauroux, le couple se retrouve en un plan-séquence derrière le bar du dancing qu’ils viennent d’acquérir. Daniel grandit en une nuit. Sa sœur apparaît comme un cadeau de Noël au matin après des ébats nocturnes. Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste dégagent charme et complicité nécessaires pour nous convaincre de l’affection partagée par leurs personnages. Il faudra néanmoins pardonner à la réalisatrice cet élément final osant comparer l’incomparable pour boucler la boucle. Un geste maladroit.

(6.5/10)… Voir plus

Dernière modification il y a 10 mois