Alter Ego est une série policière qui se déroule à Bellinzone, au Tessin, pendant le carnaval le plus connu et le plus apprécié du canton. Imagique a posé trois questions aux deux réalisateurs, Erik Bernasconi et Robert Ralston.
Au lendemain du Mardi Gras, le cadavre d'une jeune fille est retrouvé près de Bellinzone. L'équipe d'enquêteurs va se retrouver à investiguer sur des crimes ancrés dans un passé plein d'ombres. Ce ne sont pas seulement les crimes qui ensanglantent la ville qui seront examinés, mais aussi et surtout l'âme humaine, celle d'une communauté qui croit n'avoir rien à cacher.
C’est la première fois que vous travaillez sur une histoire de meurtre et vous avez dû vous renseigner sur la police d’enquête grâce, entre autres, à des consultant·e·s. Quelles sont les aspects qui vous ont le plus impressionnés de ce métier ?
Robert : En fait, je n'avais jamais eu affaire à des polars, et mes connaissances n'étaient donc pas très approfondies. Pour moi, le travail de la police se résumait à des courses-poursuites et à la lutte contre le crime. En réalité, les policier·e·s consacrent également beaucoup de temps au travail de bureau, à la rédaction de rapports et aux tâches administratives. D'autre part, je pense que le stress émotionnel et la pression psychologique associés au travail de la police sont élevés. Les policier·e·s sont bien plus souvent confronté·e·s à des événements traumatisants et doivent être en mesure de les gérer...
Erik : Ce qui m'a peut-être le plus frappé, c'est la grande volonté et l'enthousiasme dont a fait preuve la police, de la part des différents services impliqués dans une enquête, pour nous aider. Ils nous ont laissé une liberté narrative, avec même quelques déviations de procédure, mais il était très important pour eux que nous donnions une image crédible du travail de l'équipe, et c'était évidemment une de nos préoccupations aussi. Ce qui est devenu étrangement clair, c'est qu'une enquête ressemble beaucoup à un travail cinématographique : c'est un travail d'équipe, il y a beaucoup de talents différents, beaucoup d'aspects à prendre en compte, mais chaque département spécialisé doit tirer dans la même direction. Et s'ils le font avec passion, le résultat en ressent.
Il arrive que l'on porte ces masques pendant si longtemps que l'on ne peut plus les enlever. Par conséquent, à un moment donné, nous ne savons plus qui nous sommes vraiment.
Selon le sociologue Erving Goffmann, notre personnalité n’est pas un phénomène interne, mais la somme des différents ”masques” que nous portons tout au long de notre vie. Dans Alter Ego, le carnaval est symbole de « liberté », un moment un on peut être nous-mêmes en portant un masque. Pourquoi pensez-vous que l’être humain doit porter des masques ?
Robert : Les masques font partie de la vie. Certains nous protègent, en particulier dans les petites communautés où la vie privée est importante. Mais il y a aussi des masques qui peuvent nuire. Car à un certain moment, il n'est plus possible de les enlever. Tous les masques contribuent à protéger le vrai moi des menaces potentielles. Cependant, il arrive que l'on porte ces masques pendant si longtemps que l'on ne peut plus les enlever. Par conséquent, à un moment donné, nous ne savons plus qui nous sommes vraiment.
Erik : La réflexion sur les masques remonte probablement à la nuit des temps et constitue également une pierre angulaire du théâtre de Pirandello, pour n'en citer qu'un. En tant qu'êtres humains, nous sommes à la recherche de notre identité depuis notre naissance jusqu'au stade suivant de l'évolution. Nous utilisons le masque pour rire de nous-mêmes, pour nous sentir différents, pour nous faire accepter, pour ne pas être reconnus, pour prouver une autre identité, pour faire peur... pour mille raisons qui nous ramènent à la question initiale : qui sommes-nous ?
Si Alter Ego n’avais pas eu lieu à Bellinzone et au carnaval, quel autre ville et événement en Suisse auriez-vous choisi ?
Robert : Je pense que j'aurais choisi Coire, non seulement parce que je suis originaire de cette ville et que j'ai toujours voulu y faire un film, mais aussi parce que je pense qu'elle présente de nombreuses similitudes visuelles et sociologiques avec Bellinzone, ce qui permet à l'histoire de se développer pleinement.
Erik : Il est difficile aujourd'hui d'imaginer cette histoire ailleurs qu'à Bellinzone. Le processus d'écriture et de réalisation a fusionné avec les images de ce lieu, les murs de pierre de Bellinzone nous ont servi de thriller. Peut-être que pour imaginer une autre ville, il faudra imaginer une autre histoire, et à ce moment-là, on peut certainement imaginer aller à Coire, sonder le carnaval de Lucerne ou de Bâle, le festival de Locarno, une fête de lutte suisse... mais c'est l'histoire qui choisira le lieu, et non l'inverse.
Cette série, produite par RSI Radiotelevisione Svizzeras SRG SSR et Amka Films, est disponible sur Play Suisse depuis le 5 décembre et sera transmise sur RTS et SRF au début d’année 2024.
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