Frères France 2024 – 107min.
Critique du film
Attal et Kassovitz frères de sang
Inspiré de faits réels, le nouveau film d’Olivier Casas réunit Yvan Attal et Mathieu Kassovitz dans un récit poignant, mais à l’académisme prégnant.
Michel (Yvan Attal) apprend un jour que son frère Patrice (Mathieu Kassovitz) a disparu en emportant avec lui son passeport. Il s’envole alors vers le Canada pour partir à la recherche de celui qui, durant leur enfance, lui a sauvé la vie. En effet, tous deux furent abandonnés par leur mère Marielle (Alma Jodorowsky) à l’âge de 5 et 7 ans, et durent survivre par leurs propres moyens dans la forêt. Hantés par leur passé, les deux frères tentent de retrouver goût à la vie.
Alors plutôt habitué des comédies familiales, Olivier Casas s’attèle à bras-le-corps à une histoire vraie aussi dramatique qu’émouvante. «Dans la forêt, on est face à soi-même, on ne peut pas se mentir». Comme une clé de lecture pour comprendre le périple émotionnel de ces deux enfants devenus des hommes désabusés, cette réplique déploie sans doute tout ce qu’il y a de plus beau dans le propos du dernier long-métrage du réalisateur français. Par pudeur et respect, quoique peut-être par manque d’audace, il en ressort tout de même une volonté de s’effacer derrière un tel récit. De fait, hormis dans une poignée de séquences à la forme aussi forte que le fond, la mise en scène ne brille que trop rarement, le parti pris étant plutôt de se concentrer sur l’émotion des comédiens et du scénario.
Si Mathieu Kassovitz s’avère totalement convaincant en homme des bois en pleine crise existentielle, le jeu déclamatoire d’Yvan Attal peut quant à lui se montrer pénible, tant sa sincérité paraît artificielle en comparaison avec celle de son camarade de jeu. Cependant, une fois réunis, les deux comédiens parviennent à toucher du doigt la fraternité saisissante de deux êtres liés à jamais par les épreuves surmontées ensemble. Cette complicité indéniable se ressent particulièrement lorsque ce sont les jeunes comédiens qui endossent les rôles de Michel et Patrice (Victor Escoudé-Oury et Enzo Bonnet à 5 et 7 ans, Viggo Ferreira-Redier et Fernand Texier à 12 et 14 ans), à des instants où leur alchimie seule fait oublier l’académisme pesant du film. Dommage que la musique appuie de manière aussi mélodramatique des scènes qui, au contraire, auraient sans doute bénéficié d’un traitement plus épuré, bien que son efficacité ne soit pas à prouver. À la fois témoignage bouleversant et long-métrage entravé par un classicisme importun, Frères a le mérite de miser sur sa sincérité pour marquer les esprits.
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Commentaires
“La vie sauvage”
Quand Michel apprend que son frère aîné Patrice a disparu, emportant son passeport avec lui, il abandonne famille et travail pour s’envoler au Canada. Au fin fond du Québec, dans une cabane isolée, il retrouve celui sans lequel il ne serait pas.
En 1948, une mère plus amante qu’aimante ne vient pas chercher ses jeunes enfants au sortir de l’internat. Suite à un accident mortel, ceux-ci s’enfuient dans la forêt. Ils y vivront 7 années, guidés par le courage de Patrice et l’ingéniosité de Michel. Faire du feu pour résister au froid, chasser et pêcher pour taire la faim, construire un igloo de bois en rêvant d’un foyer. Le retour à l’instinct primaire a un goût épicé d’aventures et de liberté.
Étonnante que cette histoire véridique. Au sortir de la Seconde Guerre, des centaines de milliers d’orphelins s’égarent et s’oublient comme le rappellent les intertitres du générique final. Dans un va-et-vient pas toujours adroit, le passé et le présent s’alternent. Un parallélisme se construit entre les comportements d’hier et d’aujourd’hui, incitant que le plus difficile n’est peut-être pas la vie sauvage mais la civilisation. Pourtant, sans chercher à nous l’expliquer, chacun des deux frères est parvenu à occuper un poste plus que privilégié entre l’architecture et la médecine. De quoi surprendre encore, comme le duo choisi. Si Mathieu Kassovitz avait déjà joué les Robinsons pour Cédric Kahn, Yvan Attal garde une image très citadine. Pourtant, quand il sauve et prend tendrement dans ses bras celui censé être son aîné, l’on veut bien croire à leur lien indestructible.
(6/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 4 mois
Mathieu Kassovitz, Yvan Attal, deux belles et fortes figures de cinéma pour servir « d’après une histoire vraie », un film que j’ai trouvé plus intéressant à travers l’historique des années après guerre, 1948, enfants placés, abandonnés, errants, jamais recherchés, plutôt que dans les états d’âme de ces deux enfants devenus adultes, architecte et médecin, instruits suffisamment pour ne pas avoir essayé de confier, enfin, leur secret, au moins à leurs familles. Un épilogue un peu décevant.… Voir plus
Je suis retourné voir ce merveilleux et magnifique film ! Émotionnellement c'est totalement poignant avec une bande son magnifique avec notamment ce titre Diamonds And Rust de Joan Baez. Il faut vraiment aller voir ce film. (G-04.05.24)
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