Love Lies Bleeding Royaume-Uni, Etats-Unis 2024 – 104min.
Critique du film
Une montagne de muscles dans le désert
Romantique, cool et brutal: c’est par ces trois mots que l’on peut décrire «Love lies bleeding», un beau mélange entre thriller et romance lesbienne, où Kristen Stewart et Katy O'Brian brillent. Le film tient ses promesses en offrant des expériences visuelles exceptionnelles autour du culte du corps, du rêve américain et des familles à problèmes.
Lou travaille sans enthousiasme dans une salle de sport au fin fond du Nouveau-Mexique, jusqu'au jour où elle rencontre la musculeuse Jackie. Les deux sont immédiatement attirées l'une par l'autre. Lou fournit alors des stéroïdes à Jackie, en route pour une compétition de bodybuilding à Las Vegas, et ensemble, elles rêvent d'avenir. Mais les événements prennent un autre tournant quand la famille problématique de Lou entraîne le couple au bord du précipice.
Grâce à son intrigue imprévisible et riche en rebondissements, «Love lies bleeding» plonge le public dans un mélange captivant de romance, de thriller et de drame. Au cœur de ce récit ambigu se trouve l'histoire d'amour sinueuse de Lou (Kristen Stewart) et Jackie (Katy O'Brian), qui glisse lentement du romantisme onirique au toxique, en posant la question de ce que l'amour fait de nous et peut éveiller en nous.
Les performances de Kristen Stewart et de Katy O'Brian sont, non seulement, crédibles et chargées en émotions, mais surtout si nuancées qu'elles font naître à l’écran deux personnages complexes et profonds. La mise en scène du corps féminin musclé de Jackie est en outre inhabituelle et vaut le détour ; d’autant qu’elle dérive régulièrement et de manière ludique vers le body horror et finalement vers le fantastique – le film n’en est alors que meilleur !
L'esthétique du film contribue également à l'effet d'attraction de «Love lies bleeding», qui passe avec aisance d’atmosphères fantasmées à d’autres bien plus trash. Les influences de la réalisatrice Rose Glass sont ici visibles : «Paris, Texas» (1984), «Crash» (1996) et «Showgirls» (1995). Elle joue d’ailleurs avec les symboles du rêve américain dans les étendues désertiques et ceux de l’Americana.
Dans l'ensemble, «Love lies bleeding» est un mélange assumé et assuré de genres et de styles sans que cela empêche le film de construire sa propre narration et son style unique. Le film associe ainsi habilement des scènes de désir et de romantisme avec une violence brute. Il adopte un ton évocateur et décontracté pour traiter de thèmes tels que la queerness, la codépendance, les relations familiales difficiles et les contraintes qui en découlent, le culte du corps et la violence domestique.
(Critique de Maria Engler depuis la Berlinale 2024, traduite par Eleo Billet)
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