Big Eyes Canada, Etats-Unis 2014 – 106min.
Critique du film
Big Eyes
Californie, 1958. Margaret Ulbrich quitte son mari et sa tranquille banlieue pour s’installer à San Francisco avec sa fille Jane. Peintre dans l’âme, elle trouve un emploi dans une usine et tente de vendre ses œuvres sur les marchés. C’est là qu’elle rencontre Walter Keane, un artiste intrigué par ses créations : des enfants aux yeux aussi immenses que tristes. Très amoureux, ils décident de se marier et unir leurs forces en exposant leurs tableaux. Mais lorsqu’il constate que le public préfère le travail de sa femme, Walter décide de se l’approprier, en expliquant à Margaret qu’un homme vendra mieux ses tableaux. Elle accepte à contrecœur, et passera des années à entretenir ce mensonge avant de décider de se battre pour se réapproprier son œuvre.
Le paradoxe d’un retour aux sources pour Tim Burton : retrouvailles avec les scénaristes de Ed Wood, l’un de ses derniers bons films, mais séparation avec ses muses Johnny Depp et Helena Bonham Carter. Big Eyes ressemble ainsi à un aveu du cinéaste, revenu à la vie après une décennie sous forme de triste auto-parodie : débarrassé de ses armes habituelles, il retrouve une sensibilité, une efficacité et une certaine noblesse qui sied à merveille à cette incroyable histoire vraie. Le film souffre toutefois d’une identité peu claire, polarisée par la performance sobre d’Amy Adams d’un côté, et le nouveau numéro hystérique de Christoph Waltz. Big Eyes oscille donc entre ces deux dimensions incompatibles, pour au final laisser rêver d’un film plus mature, où Burton aurait même pu assumer cet imaginaire qui transparaît dans quelques rares scènes.
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Commentaires
Tim Burton nous présente ici l'histoire peu connue chez nous de ce "couple d'artistes" qui a trompé le monde de l'art pendant de nombreuses années à travers l'exubérance et la mythomanie du mari se voulant peintre émérite au détriment de sa femme, aimante et soumise mais qui petit à petit a réussi à s'en sortir du joug de son mari. Un bon film féministe.… Voir plus
Qu’est-ce que l’art ? Peut-il être populaire ou devrait-il se réserver à une élite critique ? La marchandisation tue-t-elle l’art ou le répand-elle ? L’art féminin aurait-il moins de valeur que l’art masculin, aujourd’hui encore ? Questions d’intérêt que le film provoque sans chercher de réponses. Tim Burton préfère adresser ici un hommage à Margaret Keane – peintre longtemps usurpée, inspiratrice de ses propres créations – sans faire montre d’une vive implication. On aurait apprécié plus de contraste entre le kitsch des toiles et l’Amérique illustrée de l’époque, davantage de gothique peut-être et moins de couleurs saturées. Les personnages, entre l’effacement appuyé de l’héroïne et les excès presque grotesques de son bonimenteur de mari, perdent en épaisseur et peinent à susciter l’empathie. Au final, l’ensemble prend un tournant cartoonesque pas désagréable, mais relativement vain.
4.25/6
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4.5 : difficile de se forger une opinion précise sur cette évocation d'une des plus grosses tromperies artistiques du 20ème siècle.
Le synopsis dit presque tout sur la trame et rajouter quelque chose serait spolier. Après 2-3 sorties sans plus, Burton change à 120° en proposant ce biopic artistique tout en gardant son style inimitable (par les décors, costumes magnifiques ainsi que 2-3 hallucinations super bien retranscrites) et en comptant sur un sacré duo d'acteurs (Waltz fidèle à lui-même et Amy Adams magnifique de sensibilité et de colère à la fois et son Golden Globe reçu est totalement justifié) et une très belle BO (notamment la chanson titre de Lana del Rey).
Je suis sceptique sur l'issue, du point de vue scénaristique (assez invraisemblable) et par la dernière scène qui ne colle pas avec le reste.
Se laisse voir malgré tout et en VO si possible
PS: bravo pour le site excellent cineFiliK… Voir plus
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