Overlord Etats-Unis 2018 – 110min.
Critique du film
Quand la guerre c’est l’enfer
À la veille du débarquement, un groupe de soldats américains est parachuté en France occupée. Alors qu’ils tentent d’accomplir leur mission, ils découvrent l’horreur d’un laboratoire top secret derrière les lignes ennemis.
Overlord a longtemps été considéré (à tort) comme une suite plus ou moins directe de la saga Cloverfield produite par J.J. Abrams. Débutée avec la sortie du premier épisode éponyme en 2008 sous la tutelle de Matt Reeves, elle perdure avec la parution de l’opus de Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane) et continue avec Cloverfield Paradox (réalisé par Julius Onah), le dernier en date. Si Overlord est une énième production de J.J. Abrams, le long-métrage se démarque entièrement de cette série de films.
Dès le début de l’introduction, les comparaisons explosent en tête comme une évidence sincère. Au travers de sa séquence d’ouverture tumultueuse qui pourrait faire écho à une cinématique d’un Call of Duty ou d’un Battlefield, le réalisateur réussit avec une grande maestria à retranscrire l’atrocité de la guerre. Nous sommes le 5 juin 1944, soit la veille du débarquement et le jeune soldat Boyce (Jovan Adepo) se retrouve en plein coeur du conflit. Lui et ses camarades sont parachutés vers un petit village français dans le but de détruire une tour de radio allemande nichée au sommet d’une église. Une mission commando, voire suicidaire, de la plus haute importance donc et qui devient très simplement le MacGuffin du film.
La troupe débarque dans un chaos cauchemardesque où un colonel Nazi (Pilou Asbaek) s’attelle à faire régner la terreur et l’intimidation : viols, exécutions sur la place publique, agressions et tortures. Après une première partie très lente, ponctuée de quelques temps d’action très succincts et sans aucun intérêt (une mine qui explose, un interrogatoire qui tourne mal), le vif du sujet est enfin abordé lorsque le spectateur découvre avec terreur et curiosité les expériences interdites d’un scientifique allemand aliéné. Dans les dédales poisseux et tortueux de l’église, Boyce trouve le résultat de plusieurs tests qui ont mal tourné. Entre humains démembrés, rafistolés, modifiés, défigurés et monstrueux c’est « une armée de soldats de 1 000 ans pour un Reich de 1 000 ans » qui devient la nouvelle intrigue du film. Et c’était bien pour cette raison qu’Overlord était si attendu. Malheureusement pour lui, le film ne parvient jamais à sortir de sa coquille candide.
Parce que si la guerre c’est l’enfer, regarder Overlord l’est tout autant. Malheureux et triste rendez-vous raté dans sa deuxième partie, le long-métrage ne touche que du bout des doigts et avec une très grande parcimonie, le phénomène du genre horrifique de zombies. Si l’immersion à la façon jeu vidéo est franchement réussie pour les amateurs du genre, puisqu’on pourrait comparer le scénario à l’avancée d’une trame de Wolfenstein, le cinéaste ne réussit pas à nous emporter avec ardeur et fouge dans ce labyrinthe de sang, de massacre, de peur et d’effroi qu’il nous avait tant promis.
En bref !
À chaque fois qu’Overlord semble se lancer dans une séquence montrée façon Grindhouse, il se retient de frapper un grand coup. Animé par cette limite sympathique de la bienséance à l’écran, Julius Avery ne nous livre au final qu’un gentillet film d’horreur, avec des soldats bien gentils qui tuent des vilains nazis, sans pousser le concept au paroxysme de l’horreur. Dommage.
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