Les veuves Royaume-Uni, Etats-Unis 2018 – 130min.

Critique du film

Un thriller féministe percutant

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

Alors que leurs maris viennent de mourir à cause d’un braquage qui a mal tourné, quatre femmes qui ne se connaissent pas, aux origines, valeurs, religions et statuts différents, décident de se serrer les coudes pour rembourser la dette que leurs époux leur ont laissée et qui menace leur vie.

Dès sa première séquence, Steve McQueen dévoile ses intentions en mêlant l’adrénaline typique des thrillers à l’émotion des drames familiaux à travers ce montage alterné du braquage mortel et des scènes intimes des couples fraîchement brisés. Le long-métrage ne sera pas une simple histoire de braquage haletante et captivante dotée d’une bonne dose d’action. Il s’agira également (et avant tout) d’une œuvre aux thématiques fortes et riches, qu’il s’agisse des enjeux classiques de reconstruction après un deuil ou des envies, de plus en plus prononcées ces derniers temps au cinéma, de livrer une ode jubilatoire aux femmes.

En effet, tout au long de ses 2h10 de métrage, Widows offre des séquences d’action d’une maîtrise formelle impressionnante. Il ne suffit que de quelques joutes verbales ou scènes de pur suspense pour que Steve McQueen réussisse à instaurer une tension insoutenable et une ambiance captivante. Et si son style très reconnaissable (son amour des plans-séquences) est sans doute moins marqué qu’à l’accoutumée, le cinéaste l’efface légèrement pour exposer au mieux les propos de son scénario.

Ecrit à deux mains avec Gillian Flynn (Gone Girl), le scénario de Widows est une de ses plus grandes forces. Tout d’abord grâce à sa galerie de personnages féminins magnifiquement caractérisés. Ces quatre femmes sont déterminées à ne pas se laisser abattre par le patriarcat, le machisme et le sexisme ambiant. Les arcanes du pouvoir et la corruption passionnent et emportent à chaque instant. Du reste, le long-métrage pointe allègrement la lâcheté des hommes face au courage des femmes sans jamais tomber dans un manichéisme mal venu.

Une force que le réalisateur puise dans son casting cinq étoiles : Viola Davis impressionne, Elizabeth Debicki fascine, Michelle Rodriguez émeut quand Cynthia Erivo se révèle véritablement au cinéma, quelques semaines après Sale temps à l’hôtel El Royale. Du côté des hommes, Daniel Kaluuya (Get Out) effraie d’un simple regard, Colin Farrell prouve encore une fois son talent dans des rôles plus intérieurs quand le charisme de Liam Neeson intimide (et nous fait regretter son manque de bons rôles sur grand écran).

En bref !

Widows est un thriller captivant au parfait suspense et à la mise en scène redoutable. Bien plus, c’est surtout une ode féministe percutante, un drame intimiste émouvant et une satire politique passionnante.

30.11.2018

4.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

« Gone girls »

Veronica vient de perdre son époux dans un casse qui a également entraîné la mort de tous ses complices. Des truands lui réclament alors une somme importante, prêtée à son mari et disparue avec lui. Aculée, elle contacte les autres veuves concernées pour les convaincre de parachever le travail.

4 femmes d’origine, de classe et d’âge différents. Sans se connaître, elles ont aimé des hommes peu scrupuleux, qui leur ont donné la violence en héritage. Aveuglées, par facilité ou naïveté, elles n’ont d’autre choix aujourd’hui que d’ouvrir les yeux et prendre leur destin en main, pour éviter de devenir des proies.

Ocean’s eight transformait bêtement le braquage au féminin en shopping entre copines. L’activité ici n’a rien d’un jeu pour tuer le temps. Elle est dangereuse et potentiellement mortelle. La survie passe avant les divergences et les sentiments.

L’esthète auréolé, le talentueux Mr. McQueen, s’attaque au film de genre. Pour lui donner du relief, il impose son style d’une précision élégante et ancre ses personnages dans un contexte politisé. A Chicago, Noirs et Blancs s’opposent sur l’échiquier du pouvoir pour mieux se rapprocher dans ses zones grises. Co-scénariste, la romancière Gillian Flynn – maman de l’épineux Gone Girl – use de sa plume acérée pour écrire un féminisme affirmé et percutant : « Notre meilleur atout, c’est d’être qui nous sommes, car personne ne s’imagine qu’on a les couilles pour aller au bout. » Tout est dit, dans cette histoire où les actrices principales sont pour une fois nommées au générique avant les stars masculines.

7/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


Eric2017

il y a 5 ans

Un bon polar à la sauce féministe. Parfois le scénario n'est pas très convaincant, mais il a le mérite tout de même de m'avoir garder en haleine durant presque la totalité . On retrouve Robert Duvall, Colin Farell et Liam Neeson dans des petits rôles. (F-02.12.18)


vincenzobino

il y a 5 ans

Chicago Heat
Chicago: Harry et 3 complices croient avoir réussi leur coup en volant une somme considérable mais ils sont appréhendés dans leur abri et abattus. Qui les a trahis? Épouse de Harry, Veronica réunit les 3 autres veuves afin de rembourser la "victime" du vol. Dans le même temps, Jack et Jamal sont tous deux candidats à un poste de conseiller municipal, le premier anti-corruption, le second plutôt sympathisant d'une certaine justice. Sont-ils vraiment irréprochables??
Trois ans après son hommage a Northup, le retour de Mc Queen pourrait être synonyme de nouvelles récompenses: en choisissant de traiter de l'histoire vraie de Veronica, le réalisateur profite de dresser un procès retentissant envers l'élite politique d'une part, et indirectement envers les citoyens élisant ses représentants.
Le rythme lent permanent rappelle Heat de Michael Mann, avec son face-a-face, ici politique, et les conséquences sur nos quatre citoyennes impliquées malgré elle similaires au destin du duo principal de Heat: leur vie ne sera plus jamais comme avant et surtout certains secrets s'avèrent lourd d'héritage.
L'on retrouve la même énergie retentissante: les 135 minutes du film passent comme un colis à la poste. Une direction d'acteurs magistrale, particulièrement Viola Davis et surtout Liam Neesson qui nous ressort un bref rôle d'une force assez flagrante, notamment pendant d'excellentes séquences où rêve et réalité se côtoient. Et lorsque l'un prend le dessus sur l'autre, cette révélation nous marque et illustre cette notion de double casquette omniprésente.
On pourrait peut-être regretter l'issue presque trop rapide mais cette expérience est à recommander...
PS: surpris que pas de fiche technique du film autre que celle-ci. Si elle existe, serait-il possible d'avoir le lien svp? MerciVoir plus


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