Glass Etats-Unis 2019 – 129min.

Critique du film

Trio aux multiples visages

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

L’histoire se situe très peu de temps après les événements survenus dans Split (2017). Toujours en vadrouille, Kevin (James McAvoy) et ses 23 personnalités séquestre de nouvelles jeunes filles. Il tombe cette fois-ci sur un os : David Dunn (Bruce Willis). Le justicier au poncho noir, l’incassable, celui qui a survécu à un crash ferroviaire, va tenir tête à La Bête. Les deux vont tomber dans les mailles du filet d’une psychiatre, Dr. Ellie Staple (Sarah Paulson). Envoyés dans un centre pour traiter leurs dons, ils vont rencontrer une vieille connaissance de David Dunn : Elijah Price (Samuel L. Jackson), un homme atteint du syndrome des os de verre, mais pourvu d’un intellect au-dessus de la moyenne.

Glass se place comme une autre représentation du super-héros au cinéma. Voilà le réel enjeu du film : nous faire comprendre que les « exploits » du trio ne sont pas l’oeuvre de surhumains. Ici, tout est scientifique, tout est explicable. Il n’est pas question de sauver le monde à la manière des Avengers, mais de mettre en exergue l’anti-héros du quotidien. Le pragmatisme scientifique est personnifié par le Dr. Staple qui réfute l’idée du surnaturel. Dans sa proposition d’écriture, M. Night Shyamalan transpose les comics books dans notre société contemporaine. Il y a là une belle idée, malgré sa kyrielle d’incohérences à l’écran et Shyamalan se sauve néanmoins grâce à son casting et à son chef-opérateur.

L’équilibriste James McAvoy, avec ses 23 personnalités, continue à jongler habilement avec ses multiples facettes. Extravagant, furieux et même troublant d’intériorité quand il s’agit d’enfouir la douleur et le sens des réalités, l’Écossais continue sur sa lancée depuis Split. Autre motif de satisfaction, Sarah Paulson dans son costume de psychiatre, toujours aussi délicieuse d’étrangeté. Que dire de notre duo de vétérans : Samuel L. Jackson et Bruce Willis? Correct, sans plus. Une petite résurrection pour Bruce Willis, alors que sa carrière est à l’arrêt.

Le vrai côté positif nous vient du travail photographique. Un travail soigné, une maîtrise esthétique bluffante. Mais même si quelques lueurs subsistent, un gros nuage noir persiste sur Glass. Le film vogue inlassablement sur cette vague philosophico-sociétale : l’homme déteste tout ce qui le dépasse et Shyamalan dispose maladroitement ses pions. La trame narrative manque de rigueur, la faute à des incohérences grossières et à une faible maîtrise du thriller psychologique.

En bref !

M. Night Shyamalan s’amuse à créer un puzzle, à fragmenter son histoire pour recouper le destin de ses trois anti-héros. Le feu d’artifice final est lourd de platitude. Les bonnes prestations et le travail esthétique ne parviennent pas à sauver une quête identitaire (héroïque) ennuyeuse.

16.01.2019

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Commentaires

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marcelobay

il y a 5 ans

Film sans argument. Très minimaliste. Petit budget pour ramasser beaucoup des recettes. Ils nous prennent pour des vrais abrutis!!!


CineFiliK

il y a 5 ans

“Le miroir se brisa”

David Dunn, le justicier au poncho imperméable, cible et retrouve le bestial Crumb, qui a enlevé quatre pom-pom girls. Mais leur duel tourne court. Arrêtés, ils sont internés, sur ordre du Dr. Staple, dans un institut psychiatrique, où patiente déjà Elijah Price, l’homme de verre.

En 2000, il y eut le désenchanté Incassable. Puis, Split, kidnapping fantastique, 16 ans plus tard. Le cœur de Glass achève la trilogie inattendue de M. Night Shyamalan. Un affrontement final sous forme d’analyse : les superhéros existent-ils ou sont-ils de simples mortels, puissants par leur foi ?

On espérait une mythologie, il faudra se contenter d’un film bancal. Serrement nostalgique en découvrant le visage vieilli de Bruce Willis et son fils à l’écran, jeune adulte désormais. Nous les avions quittés il y a près de 20 ans. Sans l’effet de surprise, les jongleries caractérielles de James McAvoy fatiguent plus qu’elles n’impressionnent. Quant à Samuel L. Jackson, le temps qu’il nécessite à se dérider s’avère trop long. Le Bon, la Brute et le Truand, coucous cloîtrés dans un hôpital invraisemblable. Les apparences sont certes trompeuses, mais n’épargnent aucunement l’ennui poli, malgré le twist boucle piqué ultime, signature du chef. La psyché du Narcisse Shyamalan, alternative bienvenue aux redites éreintantes des Marvel et autres DC, paraissait éclatante. Mais tant va le miroir à l'eau qu’à la fin il se casse.

5.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


vincenzobino

il y a 5 ans

Vol au dessus d’un piège de cristal
Philadelphie: un groupe de jeune filles est détenu par Kevin. David Dunn, notre incassable ayant retrouvé sa trace, parvient à les délivrer mais le duo en pleine bagarre est arrêté et transféré à l’Hôpital psychiatrique dirigé par la Dr Staple, dont les travaux tentent de prouver que le héros n’existe que dans les comics. Ils y retrouvent une vieille connaissance osseuse et pas question pour le trio de rester entre ces murs, d’autant qu’une tour géante doit être inaugurée.
La voici donc cette conclusion annoncée de la trilogie sur la limite entre le surhumain et le réel. Incassable ne m’avait pas emballé car trop de questions restaient sans réponse; Split lui était supérieur de par la performance de Mc Avoy mais avec cette ombre de l’avant-dernière séquence inexpliquée. Glass les surpasse.
La séquence introductive annonce déjà la couleur : nous allons avoir un véritable duel. Au début annoncé entre nos protagonistes, c’est un autre ennemi qui va se dresser face à notre trio: la psychanalyse expérimentale. Et ce traitement de choc s’avère redoutable.
Si l’on excepte une étrange longueur dans l’asile ainsi qu’une étrange interprétation de l’âme policière secouriste, rien n’est à jeter dans cette troisième partie : les questions laissées ouvertes dans les deux premiers opus (l’origine du mal d’Elijah et la surprenante volte-face de Kevin) trouvent leurs réponses, à tel point que j’ai éprouvé une empathie certaine pour chaque membre du trio, ce que je pensais impossible après les deux premiers volets.
Mais là où Shyamalan frappe fort, outre son hilarante apparition, c’est par le double procès qu’il intente: d’une part à l’ordre psychiatrique comparé au véritable Lucifer (parfate Sara Paulsen), mais surtout à notre société de consommation par le dernier coup de génie du trio. Oui, il va y avoir une certaine révolte à la fin et les performances de chaque membre du trio marquent, particulièrement Willis. On relèvera également la musique excellente et le générique de fin sur lequel on ne voudrait pas vraiment marcher.
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