Kompromat France 2021 – 127min.

Critique du film

Solide thriller dans les arcanes de la diplomatie

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Le cinéaste Jérôme Salle s’inspire du kompromat dont a été victime un expatrié français en Russie et dévoile un solide thriller dans les arcanes de la diplomatie.

Vain fantassin des relations entre la France et la Russie, en charge du rayonnement de la langue et de la culture française à quelques encablures de la Mongolie, la promotion du directeur de l’Alliance Française aura de quoi laisser pantois. Avec sa fille et son épouse (Elisa Lasowski), ils vivotent tant bien que mal, à 7 000 km de la France, tandis que le magicien de l’hiver revêt son impétueux manteau de glace. Son crime sera d’avoir montré un spectacle de danse aux Rottweilers de l’ancien bloc soviétique. Peut-être aussi d’avoir dansé avec une professeure de français (Joanna Kulig) et accessoirement belle-fille d’un membre du FSB (anciennement KGB). Et voilà que le couperet tombe.

Ainsi, Gilles Lellouche incarne l’histoire (revisitée) de Yoann Barbereau devant la caméra d’un Jérôme Salle décidément bien habile. Et du cauchemar de son protagoniste, Salle en décante deux heures d’un thriller diplomatique savamment écrit. Grande fresque d’une évasion herculéenne depuis le bagne de son kompromat jusqu’à la frontière de l’Estonie. Le concours de l’écrivain Caryl Férey au scénario (Jérôme Salle avait adapté son roman Zulu en 2013) participe à la très belle tension narrative qui hante cette histoire.

L’un des commanditaires du massacre de Beslan (2004) est sur les traces du Français, l’hexagone est au fait de son innocence, et pourtant. «Je ne vais pas mettre en péril nos relations avec la Russie pour vos beaux yeux» nous rappelle malicieusement l’ambassadeur de France à Moscou. Kompromat raccroche les wagons de l’histoire récente, s'octroie un commentaire sur les héros absurdes et déchus des guerres en Tchétchénie et tacle les relations diplomatiques lorsqu’elles s’opposent à la liberté individuelle. Il court, il court le français… Sorte de «Papillon» contemporain qui, à la barbe du Kremlin, s’est évadé par-delà les plaines de Sibérie, Kompromat est certainement l’un des grands thrillers de cette rentrée cinéma.

07.09.2022

4

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Commentaires

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Eric2017

il y a 2 ans

Très bon film français avec un excellent Gilles Lellouche. Un thriller haletant et poignant . Jamais ennuyeux on est vite plongé dans l'atmosphère sibérien qui fait froid dans le dos. Le casting des rôles secondaires donne un aperçu effrayant de l'univers carcéral dans cette région de la Russie. (F-07.09.22)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


vincenzobino

il y a 2 ans

3.75: L’odyssée de la confession
2017, Irkoutsk: Matthieu, le responsable culturel d’un atelier franco-russe vouant la culture tricolore, est arrêté et accusé de crimes sexuels. « Défendu » par le beau-père de sa meilleure amie Svetlana, rencontrée lors de la soirée inaugurale du centre culturel, il est coupé du monde et livré en pâture. Sa seule option : fuir
Le voici ce retour de Jerome Salle qui après le commandant Cousteau, s’attaque à un sujet particulièrement sensible aujourd’hui : la justice à la russe. Un plaidoyer assez cinglant.
Dès la première séquence dans la forêt sibérienne, nous sommes directement mis dans le bain climatique tout sauf chaud. Puis par des flashbacks parfois compliqués au début à cerner mais finalement très bien montés, nous découvrons la force du piège qui se referme sur Matthieu : entre une chorégraphie inaugurale de mauvais goût où les interdits ne sont pas oubliés et une rencontre plus que compromettante, le piège est inéluctable.
Lellouche est impeccable même si certaines séquences paraîtront un peu trop caricaturales. Mais autant le rôle joué par Svetlana suscite tout d’abord la suspicion, autant la force du film est son procès indirect permanent avec une mise en accusation éloquente, une plaidoirie bien compliquée mais un verdict cinématographique cinglant, particulièrement en cette période compliquée qui pourtant, n’a aucun rapport avec la genèse du film et la marquante et courte confession de Salle à la fin du générique.
Se laisse donc tout à fait voirVoir plus


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