La Vraie Famille France 2021 – 102min.

Critique du film

Aimer sans s’attacher, est-ce possible ?

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Un enfant placé par l’assistance sociale durant plus de 4 ans voit sa vie et celle de toute une famille bouleversée le jour où son père biologique décide de récupérer sa garde. Dans La vraie famille, le réalisateur Fabien Gorgeart raconte la séparation déchirante entre une mère d’accueil et l’enfant qu’elle considère comme le sien.

Anna (Mélanie Thierry) et Driss (Lyes Salem) sont les heureux parents de deux garçons. Ils vivent en banlieue, dans un joli lotissement. Une famille des plus classiques ou presque, car avec eux, vit aussi Simon (Gabriel Pavie), un enfant placé par l’assistance sociale alors qu’il n’avait qu’une année et demie. Aujourd’hui, il en a six et appelle Anna « maman ». Avec tout le clan, ils partent en vacances d’été au camping, jouent chez les voisins et font de la trottinette dans le quartier. Rythmée par les quelques visites chez son papa Eddy (Félix Moati), la vie de Simon ressemble à celle de n’importe quel autre enfant de son âge.

Mais un jour, sans crier gare, Eddy décide qu’il est temps que Simon revienne vivre avec lui. Toute la famille est sous le choc suite à cette annonce inopinée. Anna en particulier qui, bien qu’elle savait que ce jour allait arriver, n’arrive pas à se résoudre à laisser partir le petit garçon qu’elle considère comme son propre fils. La mère de famille enchaîne alors les mauvaises décisions, et les actes irraisonnés. Mais peut-on vraiment en vouloir à une maman qui doit laisser partir l’enfant dont elle a pris soin durant plus de 4 ans ?

Après Diane a les épaules sorti en 2017, Fabien Gorgeart persévère dans le thème de la famille et de l’attachement maternel avec son 2ème long-métrage. La vraie famille est le récit de l’amour inconditionnel d’une mère, au-delà des liens du sang, et d’une famille qui doit apprendre à vivre sans un de ses membres. Plus largement, le film traite de la difficulté d’être une famille d’accueil, des obstacles incontournables endurés par ces familles d’adoption à durée déterminée.

Mais la question centrale que pose le film consiste à se demander si l’on peut être proche sans trop s’attacher, si l’on peut aimer sans trop aimer pour mieux laisser partir. Est-ce seulement possible ? Pas pour Anna, formidablement jouée par Mélanie Thierry. Bien qu’elle commette des actes incompréhensibles pour garder Simon près d’elle, le spectateur ne peut ressentir que de l’empathie pour cette femme désespérée et amputée d’une partie d’elle-même. Le réalisateur nous propose de plonger au cœur de cette tribu, dans les querelles quotidiennes, tout comme dans les moments de tendresse, dans les instants de complicité entre une mère et son enfant après un cauchemar, ou durant une baignade à la piscine. Des épisodes banals permettant au spectateur d’être le témoin privilégié de l’intime, et que le cinéaste français restitue de façon extrêmement touchante. Mention spéciale au casting, et notamment au jeune acteur Gabriel Pavie qui incarne admirablement un garçonnet perdu entre deux mondes.

02.02.2022

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“Prendre un enfant par la main”

Simon n’avait que 18 mois quand il fut placé par la protection de l’enfance chez Anna et Driss. Aujourd’hui, il est âgé de 6 ans. Son père biologique souhaite en récupérer la garde.

Dans un décor aquatique artificiel, tous s’éclatent. Si les flamants roses en plastique, la grotte et la rivière créent l’illusion, ce bonheur familial n’est pas factice. Seule ombre au tableau, le petit Simon n’est pas autorisé à aller à l’accrobranche.

Être mère d’accueil est un métier. Il implique des conditions et des règles : assurer un cadre de vie équilibré et chaleureux, sans disposer de l’autorité parentale. Et ne pas trop s’attacher. Mais comment éviter les sentiments quand l’enfant que l’on accueille grandit et s’épanouit devant soi, au milieu des siens ? Le voir partir ne peut être qu’une déchirure.

Le sujet est complexe, douloureux, touchant personnellement le réalisateur. Sa caméra mobile s’élève, poursuivant Simon et ses frères adoptifs dans leurs jeux, leur excitation, leur ressenti. Elle s’arrête aussi sur le visage de Mélanie Thierry. A fleur de peau, la comédienne laisse ses yeux azur s’embuer sur des envolées lyriques parfois grandiloquentes. Mais les personnages, jeunes et moins jeunes, sonnent justes, vrais, complices. Bienveillants et faillibles, ils posent l’insolubilité d’une situation où le trop-plein d’amour finit par faire mal.

(7/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


toscadani

il y a 2 ans

Touchant, sensible, plein d'émotions et magistralement interprété par une Mélanie Thierry au TOP de son art!


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