Nouveau film de la réalisatrice Laura Mora Ortega, Los Reyes Del Mundo est le touchant récit de cinq jeunes parias à travers les magnifiques paysages colombiens.

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Âgés de 12 à 19 ans, Culebro, Sere, Winny, Nano et Rá vivent ensemble dans les rues de Medellín. Seuls dans la ville, ils s’entraident et se considèrent comme des frères. Rejetés par la société, ils retrouvent un peu d’espoir à l’arrivée d’une lettre. Celle-ci informe Rá de la possibilité de réclamer le terrain de sa grand-mère, duquel les paramilitaires avaient chassé sa famille voilà plusieurs années. Malgré les dangers, le petit groupe se lance sur la route à travers le pays.

Laura Mora Ortega, aidée au scénario de Maria Camila Arias, présente son deuxième long métrage, Œil d’or au Festival du film de Zurich et Coquille d’or à celui de Saint-Sébastien. Odyssée parfois troublante, souvent onirique, le voyage de ces cinq “Reyes Del Mundo” (rois du monde) est scandé de rencontres, dangereuses ou amicales, illustrations de multiples communautés du pays. Des redoutables paramilitaires, de charmantes prostituées d’un certain âge ou encore un énigmatique ermite, autant d’étapes, propres aux récits initiatiques, qui transformeront petit à petit les protagonistes.

Dès les premières secondes, et l’apparition rêveuse d’un cheval blanc dans les rues de Medellín, l’esthétique, douce et soignée, séduit. Car le film est visuellement éblouissant. Ses paysages, la construction de ses plans, ou encore ses couleurs chatoyantes : la photographie de David Gallego éblouit à chaque scène. La bande-son de Leonardo Heiblum et Alexis Ruiz, aux premiers abords déconstruite, vibre au rythme de la violence et de la destruction qui poursuivent les protagonistes, pour enfin glisser en douceur dans les moments de poésie et d’introspections mélancoliques.

Et si le road trip initiatique de ces cinq jeunes garçons ne se fait pas dans la simplicité, il est magnifiquement porté à l’écran par les performances d’un naturel désarmant de ces cinq jeunes acteurs qui, pour la plupart, signent leurs débuts à l’écran. Loin d’une simple interprétation, ils vivent chaque seconde de la vie de leur personnage avec intensité. Une distribution magique qui transporte le public dans un drame marquant et bouleversant.