CH.FILM

Blackbird Blackbird Blackberry Georgia, Allemagne, Suisse 2023 – 112min.

Critique du film

Une éclosion tardive

Critique du film: Teresa Vena

Après Wet Sand en 2022, Elene Naveriani présente à la Quinzaine des cinéastes une nouvelle étude de caractère intime sur la recherche de liberté d’une femme restreinte par son environnement.

Etero (Eka Chavleishvili) vit dans un village géorgien où elle tient une petite boutique. Ici, tout le monde se connaît. Mais à l'exception d'une seule bonne amie, les relations d’Etero avec les autres femmes du village sont principalement tendues. Car, célibataire et sans enfant, elle sort du lot. Si, jusqu'à présent, elle s’en accommodait, tout change le jour où elle séduit son fournisseur de lessive Murman (Teimuraz Chinchinadze) et vit sa première expérience sexuelle à 48 ans. Une liaison qui la fera s'épanouir.

Pour son troisième long-métrage après I am Truly a Drop of Sun on Earth et Wet Sand, Elene Naveriani plante une nouvelle fois le décor dans la campagne de sa Géorgie natale. Car les mentalités plutôt conservatrices et le strict contrôle social qui règnent dans ces environnements l’intéressent particulièrement. Naveriani utilise ce microcosme pour observer à la loupe les interactions humaines. Et voici bien l’un des points forts du film : la concentration du lieu souligne l'ambiance intime du drame.

Mais loin d’être un simple enchainement d’éléments dramatiques, le long-métrage se part d’humour noir et utilise un langage visuel strict, mais sensuel, qui n’est pas sans rappeler les œuvres du réalisme poétique. Et Naveriani n’hésite pas à faire flotter un parfum de fantastique pour raconter une histoire de sexualité. Une approche particulière, focalisée sur l’expérience d’une femme d’un âge moyen. Le film en devient une œuvre primordiale pour notre époque, grâce à sa remise en question du rôle stéréotypé des genres.

L'actrice Eka Chavleishvilis rayonne et porte Merle Merle Mûre avec une force impressionnante. Elle fait d’Etero un délicat mélange de force, de naïveté et de vulnérabilité. Elene Naveriani aurait alors pu faire davantage confiance à ce regard pénétrant et laisser de côté quelques scènes explicites qui pourraient sembler un peu racoleuses.

(Cannes 2023. Traduit de l'allemand)

26.09.2023

3.5

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