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Bon pied, bon œil et bonne mémoire. À 80 ans, Bernard Crettaz, le verbe fervent, jamais dénué d'humour, nous a accueillis les bras ouverts et nous a promenés le long des chemins de traverse de sa vie. C'est l'histoire d'un ?ls de paysan devenu sociologue/ethnologue.

En créant les cafés mortels, Bernard Crettaz a fait de la mort et des rites mortuaires l'œuvre de sa vie. On l'a surnommé « Monsieur Mort ».

C'est aussi l'histoire d'un homme qui se destinait à la vie monacale, comme en rêvait sa mère. Mais à 20 ans, la première mini-jupe de la vallée, portée par Antoinette aux formes généreuses, a eu raison de sa vocation. Il savait qu'il allait décevoir sa mère et les siens. Il est parti. Son émancipation devait passer par cette décision douloureuse et libératrice à la fois. À l'automne de sa vie, son corps douloureux lui rappelait que l'avenir n'était plus une promesse. Le 28 novembre 2022, à l'âge de 84 ans et comme il l'a prédit, Bernard nous a quittés, lui qui voulait regarder la mort en face et espérait être en vérité face à lui-même, le jour où cela arriverait. Un difficile moment de mise à nu au cours duquel transparaît l'impuissance et la résignation, malgré la curiosité et la lucidité.